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Le BIFFF? Un festival qui envoie du steak!

Bienvenue Ă  Bruxelles, ses bières, ses frites, son Manneken Pis et son festival international du film fantastique, plus connu sous son acronyme anglais, le BIFFF, un festival saignant qui soufflera l’an prochain ses 30 bougies.

InstallĂ© dans un grand hangar de Tour et Taxis depuis le 7 avril et jusqu’au 13 avril, le BIFFF propose Ă  ses spectateurs près de 70 films de genre venus du monde entier  (dont des contrĂ©es assez exotiques comme Cuba, TaĂŻwan ou le Kazakhstan) – attention, particularitĂ© du Festival: il n’y a qu’une (immense) salle de projection de 1200 places, chaque film n’est donc projetĂ© qu’une et une seule fois, il ne faut pas donc pas rater les sĂ©ances qui vous intĂ©ressent… Autre point distinctif du BIFF, un public plus qu’Ă  fond qui rĂ©clame une chanson Ă  chaque invitĂ© prĂ©sent – et ils sont nombreux… Que ce soit l’ambassadeur de Taiwan en Belgique ou John Landis himself, ils acceptent tous de pousser la chansonnette – et qui n’hĂ©site pas Ă  lancer gimmicks (crier « La porte! » quand un acteur oublie de refermer une porte ou hurler Ă  chaque pleine lune) et autres vannes plus ou moins pourries durant toute la durĂ©e du film. Il faut donc ĂŞtre dans un Ă©tat d’esprit bien particulier et accepter ces règles du jeu farfelues mais Ă´ combien festives pour profiter pleinement de ce Festival très convivial oĂą sont organisĂ©es de nombreuses animations toute la journĂ©e (rencontres avec les invitĂ©s, bodypainting, atelier maquillage, expositions, foire de DVD et de BD et mĂŞme un coin garderie, le Baby-BIFFF!)

Brussels International Fantastic Film

Presque relĂ©guĂ© au second plan, le BIFF c’est aussi 5 compĂ©titions: une compĂ©tition internationale qui dĂ©cerne le Corbeau d’or Ă  son LaurĂ©at par un jury prĂ©sidĂ© cette annĂ©e parEnzo G. Castellari, une compĂ©tition europĂ©enne qui permet au gagnant de repartir avec un MĂ©liès d’argent et son inscription Ă  Sitges, plus gros festival du film fantastique d’Europe, une compĂ©tition 7th Orbit de films plus dĂ©calĂ©s, une compĂ©tition Thriller et enfin une compĂ©tition courts mĂ©trages.

ArrivĂ© dimanche en fin d’après midi, Ă  peine le temps d’aller rĂ©cupĂ©rer mon billet de retour pour samedi (boulet que je suis j’avais oubliĂ© que le bal des vampires se tenait justement le samedi soir!) et de poser mon sac Ă  l’auberge de jeunesse que je filais Ă  Tour et Taxis rejoindre mon ami Corvis – pour ceux qui ont suivi mes pĂ©riples Ă  Deauville en 2009 et Ă  Cannes en 2010, vous le connaissez dĂ©jĂ  – pour dĂ©buter le BIFFF sans perdre de temps. Petit tour par la salle de presse pour rĂ©cupĂ©rer mon accrĂ©ditation et comprendre le mode d’emploi du Festival – chacun ayant le sien propre, en l’occurrence celui du BIFFF est assez simple, il suffit de rĂ©server les sĂ©ances qui nous intĂ©ressent et de rĂ©cupĂ©rer les billets le jour de la projection – et je laissais Corvis vaquer Ă  ses occupations pour me faire une première sĂ©ance avec Mutants, sorti en salles en France il y a près de deux ans. Si ce film de zombies n’a rien de catastrophique, il faut tout de mĂŞme signaler la fâcheuse tendance de David Morley Ă  abuser de la shaky cam dans chaque scène d’action, les rendant toutes illisibles et Ă©puisantes.

Il Ă©tait Ă©galement hors de question de louper la sĂ©ance de minuit qui promettait du vrai cinĂ©ma dĂ©viant avec le premier film cubain jamais prĂ©sentĂ© au BIFFF, Ferozz Wild Red Riding Hood  ou une relecture bien barrĂ©e du Petit Chaperon Rouge. Ce nanar cosmique jouĂ© par des acteurs hautement amateurs et surtout terriblement mauvais rĂ©ussit l’exploit Ă  force d’ennui et de grotesque Ă  dĂ©samorcer ses scènes les plus choquantes. Car après 50 minutes de presque rien (une scène de viol aux dialogues improbables mĂŞme dans un porno mal doublĂ©), le film aligne plusieurs scènes totalement WTF: la jeune hĂ©roĂŻne se fait faire un cunnilingus par un minuscule chiot (de la pĂ©do-zoophilie?) avant de se faire dĂ©puceler sauvagement par son oncle qui après lui avoir essuyĂ© son propre sang sur le visage la prend sur le lit oĂą repose sa grand-mère, morte et Ă©viscĂ©rĂ©e… Voila voila, mon BIFFF est bien lancĂ©…

Lundi, temps superbe sur Bruxelles certes mais pas vraiment le temps de profiter puisque j’allais enchainer 4 projections Ă  la suite. Je commençais par le film de zombies allemand, Rammbock. Pendant Ă  peine plus d’une heure, presque en huis-clos dans un immeuble berlinois, Rammbock est un peu Ă  REC ce que pouvait ĂŞtre Monsters Ă  Disctrict 9 (je vous laisse rĂ©flĂ©chir Ă  la signification de la comparaison!). Cette histoire d’amour compliquĂ©e a failli m’offrir ma 2eme scène pĂ©dophile mais non le hĂ©ros ne demandait pas Ă  son lapin de lui faire une fellation. J’ai senti comme une lĂ©gère dĂ©ception dans la salle…

Ensuite, je partais au Kazakhstan pour Strayed qui distille une atmosphère troublante dans un dĂ©cor dĂ©sertique et minimaliste. Malheureusement, son rythme lancinant doublĂ© d’un twist (avec explication bien superflue) que l’on voit arriver dès la première bobine gâche un peu l’ensemble. Une curiositĂ© tout de mĂŞme… Autre curiositĂ©, pendant que des dragons taiwanais se battaient entre les tables du snack, One Day plongeait le spectateur dans un Ă©tat presque second. Ce film profondĂ©ment onirique et mystique qui Ă©tire ses plans Ă  l’infini fait se rencontrer un homme et une femme dans le mĂŞme rĂŞve qu’ils ne font juste pas en mĂŞme temps. Vous n’avez pas tout compris? Rassurez vous, moi non plus! Intrigant mais trop contemplatif…

Je finissais la journĂ©e sur LE dĂ©lire du festival, Super signĂ© James Gunn. Ce film de super-hĂ©ros sans pouvoir est la version adulte, gore et jouissive du très teen Kick Ass. C’est drĂ´le, bourrin et bien barrĂ© – et, argument supplĂ©mentaire, Ellen Page y apparait mĂŞme particulièrement sexy en jeune side-kick du hĂ©ros looser! Seul gros bĂ©mol, une fin qui se prend soudain au sĂ©rieux et qui avec une voix off pontifiante sans aucune trace d’ironie apparente prend soudain une tournure très puritaine typiquement amĂ©ricaine. Très surprenant surtout vu l’heure et demi qui a prĂ©cĂ©dĂ©! Il serait intĂ©ressant de voir la version director’s cut… La journĂ©e se terminait lĂ  car il Ă©tait temps de prendre nos quartiers chez un ami Ă  moi. Pas de 13 Assassins de Takashi Miike ni de Proie d’Antoine Blossier – celui-ci pourra ĂŞtre rattrapĂ© en DVD car le service de presse dispose de copies de la majoritĂ© des films Ă  visionner en salle de presse (souvent vide d’ailleurs, le BIFFF semblant plus ĂŞtre un festival pour le public que pour les professionnels – et ce n’est pas dĂ©plaisant d’ailleurs!)

Petit point mĂ©tĂ©o du mardi: retour Ă  un temps de saison avec giboulĂ©es inattendues ce qui nous vaut de nous prendre une lĂ©gère saucĂ©e en arrivant Ă  Tour et Taxis. Avant les films du jour, j’interviewais Georges Delmote, l’un des fondateurs du BIFFF, toujours prĂ©sent 29 ans après. A voir bientĂ´t en vidĂ©o cette conversation Ă  bâtons rompus sur l’organisation du Festival, les challenges logistiques et budgĂ©taires, les particularitĂ© du BIFFF. Très instructif! CĂ´tĂ© cinĂ©ma, je dĂ©marrais avec Luster d’Adam Mason. Ce film qui ne pourra ĂŞtre qu’un direct-to-vidĂ©o international tant le manque de moyen est criant est une sorte de transposition contemporaine Ă  Los Angeles du mythe de Docteur Jekyll et Mister Hyde. PortĂ© par un convaincant Andrew Howard, le film manque malheureusement cruellement de suspense et d’enjeux tant tout est presque dĂ©voilĂ© dès le dĂ©but – a signaler, une ellipse finale bien couillue et une dernière scène pendant le gĂ©nĂ©rique particulièrement drĂ´le… Je ne m’Ă©tendais pas sur Dark Souls signĂ© par deux français expatriĂ©s en Norvège. La session de questions-rĂ©ponses qui a suivi le film a confirmĂ© le cĂ´tĂ© totalement amateur et fauchĂ© de ce film auto-produit et auto-distribuĂ© (2000 entrĂ©es sur 30 copies pendant une semaine d’exploitation en Norvège!). C’est certes très sympathique, ça n’en reste pas moins plutĂ´t ratĂ©: le film qui commence comme un polar pour se muer en film de zombies souffre d’un scĂ©nario totalement incomprĂ©hensible. Il faut dire que quand on ne peut tourner qu’une fois de temps en temps avec les moyens du bord et sans script, il n’est pas totalement Ă©tonnant que la cohĂ©rence de l’ensemble en souffre quelque peu.

Après une petite pause salvatrice et avant de s’Ă©chapper pour une question triviale de dernier mĂ©tro des Nuits rouges du bourreau de Jade (pas grave, je verrais la fin du film Ă  Paris lors d’une prochaine projection de presse), il restait encore un film Ă  voir et surtout un invitĂ© Ă  recevoir dignement… Car John Landis Ă©tait prĂ©sent ce mardi Ă  Bruxelles et c’est peu de dire que le public lui a rĂ©servĂ© un accueil assez bouillant! Il Ă©tait mĂŞme fait chevalier de l’ordre du corbeau – l’hommage Ă  la BIFFF – par Georges Delmote. Place ensuite Ă  Burke & Hare, premier film du monsieur depuis Susan a un plan en 1998!!! Simon Pegg et Andy Serkis y campent un duo d’escrocs Ă  la petite semaine qui vont soudain faire fortune en exploitant un business bien inhabituel: celui des cadavres. Et pour rĂ©ussir, ils sont prĂŞts Ă  tout, mĂŞme Ă  tuer! Cette comĂ©die romantique macabre est sympathique mais fleure bon les annĂ©es 80… John Landis aurait pu rĂ©aliser ce film il y a dĂ©jĂ  20 ans que personne n’aurait sans doute vu la diffĂ©rence. DrĂ´le certes mais pas encore sorti que dĂ©jĂ  complètement dĂ©modĂ© et datĂ©!

Il est 4h du matin en ce mecredi 13 avril qui s’Ă©veille, il est temps
que je vous laisse pour aller dormir quelques heures avant d’enchainer
une 4eme journĂ©e Ă  Tour et Taxis… A bientĂ´t! Et bon BIFFF de
Bruxelles…

J’allais oublier de vous rappeler que comme pour tous les festivals oĂą Fan-de-cinĂ©ma est prĂ©sent, vous pouvez suivre le compte Twitter du site (@fandecine) qui vous fait vivre en direct jusqu’Ă  samedi l’actualitĂ© du BIFFF avec avis Ă  chaud sur les films et photos prises sur le vif!

avatar A propos de l'auteur : Emmanuel Pujol (218 Posts)

Fou de cinéma et fou tout court, Emmanuel écrit pour Fan-de-cinema.com, se fait filmer dans Après la Séance et mange, dort, vit cinéma 24 heures/24! De films en festivals, il ne rate rien de l'actu ciné pour vous faire partager ses coups de coeur et ses coups de gueule...


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