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Simon Werner a disparu… mais pas son réalisateur! Interview de Fabrice Gobert
A l’occasion de la sortie en DVD* le 2 février dernier de son premier long-métrage, Simon Werner a disparu… (lire la critique du film), Fabrice Gobert s’est prêté longuement au jeu des questions/réponses avec beaucoup de sympathie et en toute décontraction… Rencontre:
Fan-de-cinéma: On a un point commun assez étonnant, c’est qu’on est tous les deux diplômés de l’Edhec (NDLR: c’est une école de Â… commerce!)
Fabrice Gobert: C’est pas vrai? Ah là là là , Pauvre de nous! (rires)

Fabrice Gobert
F-d-c: Comment est-ce qu’on passe d’une voie finalement assez classique au cinéma?
FG: Déjà , on met 15 ans! C’est sur que ce n’est pas automatique et qu’a priori, il n’y a pas de passerelles. En fait, à 18 ans, je ne savais pas du tout ce que je voulais faire donc j’ai fait une prépa HEC – fortement incité par mes parents. J’ai commencé à m’intéresser au cinéma à peu près à cette époque là , comme un exutoire à tous les cours d’histoire et de math qu’on m’infligeait. Quand je me suis retrouvé à l’école, à 20 ans, je me suis rendu compte que produire des films me permettrait de concilier mes études et le cinéma. Donc j’ai fait des stages en production, plutôt dans des chaines de télé qui étaient plus faciles d’accès. J’ai aussi travaillé 5 mois pour une boite de production de documentaires et j’ai réalisé que la production m’intéressait mais ce que je préférais, c’était être sur le terrain. J’ai eu la chance de faire un court-métrage : j’ai gagné un concours de scénario et le prix, c’était de se faire produire son court. Quand je me suis retrouvé sur le plateau, j’ai su que c’était ça que j’avais vraiment envie de faire. Même si je ne tenais pas directement pas la caméra et que le court-métrage n’était pas bien, ça a quand même été une sorte de grande révélation, de confirmation. Je me suis aussi dit « si je veux faire ça, il faut que je travaille ». Donc j’ai essayé de passer des concours mais j’ai surtout appris sur le terrain, sur le tas, souvent sur des programmes télévisés.
F-d-c: Et donc 15 ans plus tard, le premier long qui s’inspire je crois d’un souvenir personnel, d’un adolescent qui avait disparu dans votre lycée…
FG: Exactement. Quand j’avais 18 ans, il a disparu du jour au lendemain. C’est un peu comme dans le film, on ne savait pas du tout ce qui lui était arrivé. Il y avait des rumeurs sordides qui circulaient, des histoires avec son chef-scout qui était amoureux de lui, qu’il avait fugué au Maroc, qu’il avait été victime de trafiquants d’organes,… Quand j’y ai repensé, je me suis rendu compte que je ne savais plus ce qui lui était réellement arrivé, j’avais mélangé la réalité et les fantasmes. C’est le point de départ du film et ce qui m’intéressait vraiment, ces personnages qui confondent la réalité avec leurs projections imaginaires.
F-d-c: Vous avez d’ailleurs choisi de situer l’action du film dans les années 90 qui est une décennie qui n’a pas un intérêt phénoménal, qui est une transition entre les années 80 et le 21eme siècle…
FG: Je suis content de vous entendre dire ça parce que je pense exactement la même chose. On me dit souvent « non, mais tu verras, dans 10 ans, on verra autrement ces années 90 ». Moi, je n’en suis vraiment pas convaincu. C’est peut être parce qu’on les a vécu personnellement aussi! Mais je trouve que les années 90 sont un passage entre deux époques très marquées et paradoxalement, c’est peut être justement ça qui leur donne de l’intérêt. Spontanément, j’ai situé l’action du film en 1992 comme dans la réalité. Du coup les personnages je les connaissais, il y avait quelque chose d’assez commode. Par la suite, je me suis rendu compte que c’était intéressant parce qu’ils sont dans une époque qui n’est pas du tout marqué, ils sont dans un endroit qui ressemble un peu à un no man’s land, qui pourrait presque être n’importe où, très ordinaire. On sait que l’action du film ne se passe pas aujourd’hui mais on ne sait pas exactement précisément quand ça se déroule non plus. Et c’est d’ailleurs ce qui m’avait plus dans les Beaux Gosse de Riad Sattouf, cette temporalité un peu étrange et floue.
F-d-c: Est-ce que le film a immédiatement été pensé comme un seul long-métrage? Parce qu’avec ses trois points de vue dans des genres un peu différents, on pouvait pourquoi pas envisager une trilogie dans le style de celle qu’avait réalisé Lucas Belvaux (Un couple épatant, Cavale, Après la vie).
FG: Cette trilogie est une vraie référence pour moi, j’ai beaucoup aimé ces trois films. Et ce que j’aimais bien, c’était à la fois qu’une même histoire puisse être vue d’un point de vue comique et d’un point de vue dramatique et l’idée que les personnages secondaires passaient au premier plan dans le film suivant. Mais pour Simon Werner…, je voulais vraiment faire un seul film, je ne trouvais pas qu’il y avait forcément matière à plus – même si j’avais rencontré un producteur qui m’avait effectivement proposé d’en faire une série dont le principe se serait un peu rapproché de Skins avec un personnage différent mis en avant à chaque épisode. Mas j’avais vraiment écrit le scénario dans l’optique d’en faire un long métrage de cinéma.
F-d-c: (ATTENTION SPOILER) La fin du film a décontenancé plus d’un spectateur par sa tragique banalité. Est-ce qu’elle a toujours été pensé comme ça?
FG: Oui. J’ai même rencontré des producteurs qui m’ont dit que le scénario était très bien écrit mais que la fin n’allait pas du tout. Selon eux, il aurait fallu plus de logique, plus de suspense presque mais je trouve qu’il y a déjà beaucoup de films qui sont fait comme ça et je ne voulais pas faire un film d’enquête de plus. En plus ce que je trouvais intéressant, c’est qu’à la fin, on est un peu à la place des personnages du film qui auraient tous, eux aussi, trouvé plus intéressant que Simon soit mort parce qu’il l’avait bien cherché, qu’il y ait un lien avec son assassin, que ça soit effectivement pour une histoire de drogue ou un règlement de compte ou une histoire d’amour qui finit mal. Mais le fait qu’il se soit simplement retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment est extrêmement effrayant parce que ça aurait pu arriver à n’importe lequel d’entre eux et parce que le fait qu’il n’y ait aucune logique ni aucune raison signifie aussi qu’il n’y a pas de règles. Et pour un ado, c’est déstabilisant de découvrir cette réalité puisqu’à cet âge-là , il y a des règles à suivre aussi bien au lycée qu’à la maison. On se dit que tant qu’on respecte les règles, il ne peut rien nous arriver. Or, ce qui arrive à Simon contredit totalement cet état de fait. A la fin du film, les personnages vont devoir vivre avec cette idée angoissante qu’il n’y a pas forcément toujours une logique et une raison aux choses qui arrivent. Mais ça leur permet aussi de ne plus vivre dans le fantasme mais dans la réalité. C’est ce que j’ai essayé d’illustrer dans la scène du café qui est à la fois banal et très révélatrice. Ils sont presque devenus adultes dans cette épreuve et ils se sont tous rapprochés
F-d-c: Et est-ce que l’idée vous a traversé l’esprit de faire une fin beaucoup plus ouverte comme le suggérerait presque les points de suspension du titre?
FG: Non, ça, je n’y ai jamais vraiment pensé parce que j’aurais trouvé ça très gonflé qu’on ne sache pas ce qui lui est arrivé. Même si je suis d’accord que l’idée du film, c’est de dire que les questions soulevées par la disparition de Simon étaient finalement plus intéressantes que la réponse et qu’il y avait quelque chose d’assez décevant dans la brutalité et l’absurdité de la réalité. En fait, les jeunes s’imaginent quelque chose d’extraordinaire, se font des films et puis finalement, c’est Faites entrer l’accusé, c’est un fait-divers aussi banal que sordide (FIN DU SPOILER)
F-d-c: Pour revenir sur la notion de règles et donc d’éducation, il y a très peu de relations adultes-enfants dans le film. Finalement, il n’y a que le professeur de physique-chimie et l’entraineur de foot, un peu étrange…
FG: Pour l’entraineur de foot, moi, je n’ai pas tellement de doute que c’est quelqu’un d’assez toxique, qui peut être nuisible dans son rapport qu’il a avec les ados sur qui il n’a pas forcément une bonne influence. Je pense qu’il aime bien être avec eux mais pas que pour des raisons avouables. Après, dans le film, ce n’est que de la suggestion, je ne dis ni qu’il est déjà passé à l’acte, ni que tous ceux qui s’occupent d’adolescents sont des pédophiles notoires. Mais je suis resté volontairement flou dans le film, je pense que ça n’était pas la peine d’être plus précis que ça, chacun le verra comme il veut. Sur les relations parents-enfants, l’idée était vraiment de se mettre dans la peau d’adolescents pour qui le rapport aux adultes est finalement un peu limité. Jérémie, il n’a pas de rapport avec son père donc dans le film, il n’existe pas. Après, c’est peut être aussi personnel mais, en ce qui me concerne, je me souviens que quand j’avais 18 ans, je ne parlais pas avec mon père, je communique beaucoup plus avec lui aujourd’hui. La seule exception, c’est Jean-Baptiste Rabier, le plus mur des ados, qui a un dialogue assez riche avec son père qui peut s’expliquer par la perte de sa mère. Et c’est vrai que le film se concentre surtout sur les rapports entre adolescents.
F-d-c: Le film est à la fois typiquement français et très américain – on pense notamment à Gus Van Sant et aux figures un peu stéréotypées des teen-movies US. Quelles ont été vos influences?
FG: Il y a un peu de tout ça, effectivement. En fait, plus jeune, j’ai vu beaucoup de films français et américains. Il y avait la volonté de ne pas aller contre ces références-là , de les embrasser toutes les deux, de les réconcilier peut-être. Je trouvais ça intéressant de commencer comme un film à l’américaine, comme un teen-movie voire un thriller mais sans le rythme propre à ce genre-là . Et de basculer d’un film d’histoire à un film de personnages, peut être plus typiquement français. Il y autant d’influences venant de Rohmer que de Wes Craven, de Téchiné que de Gus Van Sant. Et concernant Elefant, il y a bien des points communs (la structure, le lieu,…) mais dans le film de Gus Van Sant, ce sont des gens à qui il est arrivé un truc incroyable mais qui le vivent de façon extrêmement ordinaires alors que dans Simon Werner, c’est l’inverse finalement. J’ai aussi beaucoup aimé Paranoid Park et je me suis rendu compte une fois le film terminé que la scène où Simon et Alice discutent derrière la vitre ressemble fortement à une scène de Paranoid Park. J’ai réalisé là que c’est étonnant à quel point les films qu’on a vu peuvent nous influencer même inconsciemment.
F-d-c: Il y a dans le film un sens du détail très poussé, le film est semé d’indices et de clins d’oeil (NDLR: un exemple? un des ados à la boum porte un t-shirt de Sonic Youth, le groupe qui a composé la BO du film). Et notamment dans la reconstitution de l’époque très soignée…
FG: En fait, on a plus enlevé de choses qu’on en a rajouté. L’idée, ce n’était pas de mettre un Minitel dans un coin mais plutôt de remplacer les écrans plats par des vieilles télés. Ce sont dans les vêtements qu’il y a le plus de recherche en fait, on a beaucoup travaillé là dessus. Et c’est un travail très ludique, la reconstitution! Avec les décorateurs et la costumière du film, c’était drôle parce qu’on a ressortis nos vieilles photos de ces années-là . Et c’est vrai que d’une manière générale, j’aime bien les détails au cinéma, déjà en tant que spectateur, en découvrir de nouveaux en revoyant un film.
F-d-c: Il y a même une scène qui revient deux fois dans le film où vous avez modifié juste un mot entre les deux versions et ça lui donne un sens complètement différent!
FG: En remarquant ce changement, certaines personnes pensent que c’est une erreur mais pas du tout puisque le principe du film, c’est qu’une même scène est vue par des points de vue différents. Cette scène, c’est quand la maman de Jérémie le dépose devant le collège en voiture après son accident et qu’il croise Jean-Baptiste. Jérémie entend Jean-Baptiste lui dire « Oh ta mère elle est bonne », Jérémie le vit comme ça en pensant que cet abruti de Jean-Baptiste est juste vulgaire alors que dans la partie de Jean-Baptiste, en découvrant le personnage, on comprend qu’il est incapable de dire une telle phrase et donc on entend « Oh ta mère elle est belle ». Chacun a sa vision de la réalité, comme dans Rashomon.
F-d-c: C’est votre premier long-métrage et, à part Serge Riaboukine, vous n’avez choisi que des acteurs débutants. Est-ce que ce n’était pas une difficulté supplémentaire?
FC: Moi, je trouve que c’est plus facile en fait, plus rassurant de faire un premier film avec des comédiens très jeunes et inexpérimentés parce qu’au moins comme ça on était tous dans la même galère, on se serrait les coudes, on avait le même objectif. Je pense que ça aurait été plus difficile de diriger des acteurs avec une longue carrière derrière eux et qui auraient peut être eu tendance à ne pas forcément m’écouter (même si maintenant, en ayant gagné un peu en confiance en moi, j’ai très envie de travailler avec des acteurs plus expérimentés qui m’apprendraient beaucoup de choses). Là , au moins les comédiens, ils m’écoutaient, je n’avais pas à me battre pour qu’ils fassent ce que je leur demande! C’était agréable, on n’était pas très éloignés en âge donc on pouvait se parler et se comprendre facilement. En plus, à la télévision, j’avais travaillé sur des séries avec des jeunes comédiens donc j’avais déjà commencé à voir comment il fallait travailler avec eux. Et surtout, il y a en fait autant de manière de travailler avec un comédien qu’il y a de comédiens! Ils ont tous leur manière bien spécifique de fonctionner. Je me suis aussi rendu compte que la plupart des choses se jouent dès le casting. Il faut avoir un coup de coeur, une évidence sur les comédiens au moment où on les voit, même filmés au caméscope avec en fond un mur pourri!
F-d-c: Il faut aussi que le groupe fonctionne, que l’alchimie se crée entre eux…
FG: Alors, ça c’est le plus difficile. On a fait beaucoup d’essais à 2, à 3 pour voir comment les uns et les autres pouvaient fonctionner ensemble mais on a jamais pu faire réunir tout le groupe. Il se trouve qu’heureusement ils se sont tous très bien entendus et qu’aujourd’hui, ils continuent à se voir, ils sont devenus très potes.
F-d-c: A propos de groupe de potes, Sophie Letourneur avait, elle, pris le parti pris pour La vie au Ranch de choisir une bande de copines qui se connaissaient déjà ! Est ce que c’est quelque chose à laquelle vous avez aussi songé pour Simon Werner… ?
FG: Je n’ai pas encore vu La vie au ranch mais j’ai très envie de le voir, notamment parce que je trouve que le concept du film est une démarche artistique extrêmement intéressante. Mais pour Simon Werner a disparu…, l’idée n’était pas d’adapter le scénario aux comédiens et de réécrire les scènes en fonction de telle ou telle qualité des comédiens. Il me fallait des comédiens qui étaient capables de jouer des personnages très définis, très écrits. Donc, je ne pouvais pas forcément prendre des gens qui se connaissaient déjà , ça aurait pu jouer en défaveur du film qui était très cadré.
F-d-c: Quelles ont été la ou les scènes les plus difficiles à tourner?
FG: Probablement, les deux scènes où j’ai du demander à mes comédiens de se déshabiller. Selma El Mouissi, qui joue Lætitia, avait fait d’autres films avant mais elle n’avait encore jamais embrassé un autre comédien. Elle était déjà intimidée par ça donc lui demander de se mettre nue, je pensais que ça allait être difficile. Et finalement, ça s’est bien passée. Elle raconte elle même en interview – parce qu’on lui pose souvent la question – qu’elle avait été assez peu gênée parce qu’on en avait beaucoup parlé avant et qu’on était très peu dans la cabane. En plus, la chef opératrice était une femme, son assistante aussi. La seule chose dont elle ne s’est heureusement pas rendu compte, c’est qu’à l’extérieur de la cabane, il y avait un retour image et donc tout le reste de l’équipe pouvait voir la scène. Donc elle était plutôt à l’aise et c’est d’ailleurs ça le secret, c’est de réussir à être totalement investi dans la scène, à s’oublier, à oublier que l’on est en train de faire quelque chose d’impudique. Et même pour moi c’était impudique de décrire ce que j’imaginais, de leur expliquer ce que je voulais faire sans avoir l’air d’un vieux vicieux qui les mettait dans une situation embarrassante. Pour éviter cela, il faut rester technique. Je me souviens que Cédric Kahn disait que sur l’Ennui, il donnait des indications très précises à Charles Berling et Sophie Guillemin comme pour des scènes de bataille. J’ai essayé d’appliquer cela même si j’étais tout de même très mal à l’aise et je pense que mes comédiens l’ont vu d’ailleurs. Au final, on est, je crois, tous contents d’y être arrivés.
F-d-c: Pourquoi le film a changé de titre puisqu’à l’origine, il s’appelait Love like blood?
FG: Je l’aimais bien mais il était pas forcément assez parlant ou vendeur donc je ne m’y suis pas accroché. Mais c’est vrai qu’on s’y était habitués. En plus, c’est le titre de la chanson qui ouvre le film et qui revient trois, quatre fois. Et les gens qui s’occupaient de la distribution à l’international du film nous ont dit qu’ils allaient changer le titre parce que ça sonnait trop comme un film de vampires. Ça nous a mis la puce à l’oreille et donc on a changé.
F-d-c: Le film a reçu un bon accueil à Cannes (NDLR: il était présenté dans la section Un Certain Regard dont la présidente du jury était Claire Denis qui a souvent travaillé avec la directrice photo de Simon Werner…, Agnès Godard), de bonnes critiques lors de sa sortie en salles en septembre mais n’a pourtant attiré qu’un peu plus de 80.000 spectateurs. Comment vous avez vécu ça? Est-ce que vous suiviez le nombre d’entrées?
FG: Oui, bien sur et il y a vos producteurs qui vous aident à être sur le coup, qui vous appellent tous les jours! Mais j’avais envie de savoir aussi… Je dois bien avouer que j’étais déjà tellement heureux d’avoir la chance de pouvoir réaliser mon premier long métrage, content qu’à la fin du montage le film existe. En plus, que le film soit à Cannes, c’était complètement inattendu. On ne s’attend pas non plus à ce que le film plaise à la presse – en plus, à des journaux que je lis comme Libération ou Les Inrocks. Au moment de la sortie, il y a une espèce d’emballement du distributeur et du producteur avec les retours presse et des avants premières qui s’étaient très bien passées. Ils me disaient que le film allait faire 200.000 entrées. Donc, alors qu’on était parti dans cette optique là , oui, on est forcément déçu d’apprendre dès le premier soir – puisque ça se joue dès le mercredi de la sortie – qu’on n’atteindra pas ce nombre d’entrées. La déception a été crée par un engouement un peu artificiel qui ne se base pas forcément sur grand chose. Après, 85.000 entrées, ce n’est pas déshonorant non plus, surtout quand je vois qu’un film comme Belle Épine, que j’ai trouvé très intéressant, fait à peine 30.000 entrées. Il y a beaucoup de films qui malheureusement ne trouvent pas du tout leur public (NDLR: 40% des films sortant en salles en France font moins de 20.000 entrées!). Après, Simon Werner reste un premier film, un peu singulier, pas forcément facile à vendre, avec des comédiens inconnus donc forcément, en ne restant exploité véritablement que deux semaines, ce n’était pas évident qu’il trouve sa place parmi les très nombreuses sorties. Mais pour répondre sincèrement à la question, déception oui parce qu’on a forcément envie que le film soit vu par le plus grand nombre de gens possibles mais il y a eu tellement d’autres satisfactions qui ont largement contribué à compenser. Et c’est vrai que la réaction positive de la presse et des professionnels est une vraie source de confiance pour continuer et en faire un autre!
F-d-c: Au moment de la sortie du film, vous disiez que vous travailliez déjà sur un nouveau projet, vous en êtes où?
FG: J’ai pris du retard sur le scénario de mon 2eme long – qui est signé et pour lequel je me documente – parce qu’en parallèle j’écris une série pour Canal +. La chaine m’a contacté pour reprendre un projet qui s’appelle Les Revenants, basé sur un long métrage qui racontait l’histoire de gens morts qui réapparaissent en étant extrêmement normaux et inchangés – on est plus dans l’intime que dans le spectaculaire. Il y a un mélange entre réalisme et fantastique qui, moi, me plait beaucoup. J’ai déjà écrit les deux premiers épisodes, il y en aura huit en tout. Je réaliserais au moins les quatre premiers que j’espère pouvoir tourner d’ici la fin de l’année.
Propos recueillis par Emmanuel Pujol
*Le DVD, édité par Diaphana et dans les bacs depuis le 2 février, est proposé en édition limité DVD+CD. Il contient le film en VF stéréo et D.D. 5.1, un making of plutôt intéressant d’une petite demi-heure, les bandes annonces du film ainsi qu’un CD 5 titres avec des versions inédites des morceaux de la bande originale signée Sonic Youth. Le prix public conseillé est de 22,99€
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