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Festival de Deauville, saison 3 épisode 6, rideau…

36eme Festival du Film Américain de DeauvilleCette fois, c’est bel et bien fini… Le rideau s’est refermée sur cette 36eme édition du Festival du cinéma américain de Deauville qui, soyons honnête, ne restera pas dans les annales: pas de stars, peu (voire pas) de films marquants, un public clairsemé en semaine (malgré un communiqué très auto-satisfait des organisateurs plastronnant un nombre record de spectateurs en date du mercredi 8- on se demande quelle est la méthode de comptage soviétique pour arriver à un tel résultat!) et un Palmarès très discutable, pour ne pas dire plus: Emmanuelle Béart et ses collègues du Jury ont en effet décidé de primer le mélo lacrymal Mother & Child. Le prix du jury est lui revenu à deux films ex-aequo: le très sombre Winter’s Bone qui vaut surtout pour son interprète principal et à The Myth of the American Sleepover, récompensé de manière assez incompréhensible. Le Jury de la révélation Cartier a lui primé le certes réjouissant mais assez peu innovant Holly Rollers. Quand à la presse, c’est elle qui a été la plus clairvoyante en récompensant le roublard Buried – dès lundi, retrouvez d’ailleurs sur le site une analyse complète des films en compétition.

Une journée au CID

Vendredi fut ma journée 100% CID avec notamment les deux derniers films de la compétition. Pour commencer la journée, Morning (c’est le titre du film!) nous plonge une fois de plus – probablement la fois de trop – dans les affres du deuil familial dans un nième mélo signé Leland Orser qui, en plus de réaliser là son premier film, a eu le grand tort et le manque d’humilité de se confier aussi le rôle du père avec un jeu d’acteur sans nuance ni finesse. Pour ne rien gâcher, il offre le rôle de sa femme à l’écran à sa compagne à la ville, Jeanne Tripplehorn, qui passe son temps à pleurer et vomir (véridique). Morning est un film d’une prétention boursouflée manquant totalement de pudeur, impression renforcée par une conférence de presse psycho-show voyeuriste et agaçante. La seule vraie qualité du film (il faut tout de même le reconnaitre!), c’est sa façon de montrer par une simple répétition de faits anecdotiques (le journal est livré, le bus scolaire passe, le robinet du jardin goutte) que le monde continue de tourner inexorablement malgré les drames vécues par chaque individu.

Bonne surprise pour le film de l’après midi. Non pas que Cyrus soit génial – loin de là, la faute notamment à un rythme inégal et surtout à un happy end convenu et fleur bleue avec morale bien pensante ô combien énervante – mais au moins il a le mérite de clôturer cette compétition 2010 avec un sourire. Le sujet? Une mère célibataire rencontre un doux rêveur (John C. Reilly, génial Droopy) après des années de solitude amoureuse mais son fils, Cyrus (le très bon Jonah Hill), ne l’entend pas de cette oreille et va tout faire pour saboter cette relation naissante. Rafraichissant…

A 17h était attendue Kim Cattrall, l’une des 4 drôles de dames de Sex & the City, venue présenter un petit feel good movie totalement anecdotique et oedipien, Meet Monica Velour. Et ce n’est pas peu dire que le Festival a mis les petits plats dans les grands pour recevoir une actrice qui, rappelons le, n’a jamais eu aucun rôle marquant au cinéma. Tapis rouge, accueil digne des plus grandes stars de Hollywood (avec demi-heure de retard réglementaire), robe marylinesque, … C’est tout de même assez troublant (pour ne pas dire inquiétant) de constater que les « vedettes » présentes au Festival sont toutes issues de séries télés. Quand au film, il conte l’histoire d’un adolescent – acteur insupportable et faux d’une raideur impayable – élevé par son grand-père grincheux – Brian Dennehy, décidément abonné au rôle – et qui fantasme sur une star du porno des années ’80, Monica Velour, devenu quadra paumée trainant son corps fatigué de clubs de strip teaseuses miteux en chambre d’hôtel sordide. Cela pourrait être encore un mélo, c’est en réalité une gentille comédie dramatique inoffensive avec quelques moments vraiment drôles et une certaine tendresse. Pas désagréable.

Ma dernière soirée à Deauville est marquée par l’hommage rendue à  Annette Bening, très ému sur la scène du CID. Son film, The Kids are all right, confirme une tendance bien malheureuse à Deauville cette année: la difficulté de savoir conclure habilement un film. Car pendant 1h30 cette histoire d’adolescents partant à la recherche du donneur de sperme utilisé par leurs deux mères lesbiennes pour les concevoir est assez réjouissante: adultère, paternité, difficulté du quotidien dans un couple, les sujets abordés sont nombreux et leur traitement est plutôt réussi. Mais, comme souvent, le dernier quart d’heure englue le film dans un conformisme puritain bien désagréable. Car, décidément, au pays de l’Oncle Sam, même dans un couple homosexuel, l’institution du mariage est sacré. Pénible.

A 30 ans, Disney me fait encore rêver

Après un réveil très matinal marqué par de nombreux coups de fils (et oui, j’ai 30 ans en ce 11 septembre, je ne rajeunis pas…), je m’en vais vers ma première et unique projection de presse de la semaine (il faut dire que, comparé aux années précédentes, peu de projos presses ont été organisées en 2010), Charlie St Cloud, une bluette aux relents surnaturels qui a pour unique objectif de promouvoir la carrière de Zac Efron. On se demande bien en quoi ce navet abyssal à l’arrière goût rance de Marc Levy pourra bien servir la carrière du jeune minet. Je réserve ma plume acerbe pour une critique complète à paraitre très bientôt sur le site, wait and see…

Et le Festival se terminait pour moi comme il avait commencé, par la projection d’un documentaire – je me permets de souligner à quel point la section Les docs de l’Oncle Sam a été de très loin la plus intéressante du Festival, abordant des sujets aussi différents et passionants que l’oeuvre et la vie de Basquiat, l’exploitation de gaz naturel, le cinéma bis, les paparazzi, la menace nucléaire ou le renouveau des studios Disney. Il est d’ailleurs assez révélateur de noter qu’aucune de ces projections n’a attiré la grande foule, le public de Deauville manquant décidément de curiosité cinématographique et privilégiant l’aspect people et superficiel des festivités, une bien triste constatation. Pour en revenir à nos moutons, ou plutôt à notre souris dans le cas présent,  Waking Sleeping Beauty revenait sur le renouveau des studios Disney entre l’échec de Taram et le chaudron magique et le succès colossal du Roi Lion – soit grosso modo toute ma jeunesse! Même si le document manque d’analyse et se penche trop sur les querelles du top management, cette plongée au coeur du studio de Walt ne manque pas d’intérêt et permet de raviver avec émerveillement des souvenirs d’enfance enfouis…

C’est ainsi que s’achève ma semaine de festivalier – en tout cas en ce qui concerne les films après 30 projections et très peu d’assoupissements au compteur. Mais, avant de partir, j’allais pouvoir assister à des scènes d’hystérie collective comme je n’en avais encore jamais vu. La raison? La présence de Zac Efron himself sur les planches. Un banc immense de jeunes filles en fleur ayant échoué comme par miracle sur la côte normande à proximité du tapis rouge, les cris de pamoison et les hurlements déchainés de fans en furie se faisaient entendre à plusieurs centaines de mètres à la ronde, phénomène qui me laisse aussi pantois qu’incrédule. Et il parait que l’accueil réservé à l’acteur dans la salle du CID était tout aussi intense. Unbelievable…

Après cette épilogue invraisemblable, je me dirigeais vers la gare SNCF de Deauville-Trouville direction Paris. Je quitte la Normandie avec à la fois de la nostalgie et un sentiment de déception… Nostalgie car malgré tout une semaine en immersion au cinéma cela reste toujours une expérience enrichissante et passionnante… Déception car cette année le Festival a clairement manqué de souffle dans sa sélection, ne réservant que de trop rares coups de coeur noyés dans un océan de mélo pénible et de drames lourdauds qui ne font pas honneur à la diversité et à l’incroyable richesse du cinéma américain.

Je vous donne rendez-vous dès demain pour un retour sur les temps forts du Festival. Vous retrouverez également très prochainement sur Fan de cinéma les critiques de nombreux films vus à Deauville. Et je vous dis à bientôt pour de nouvelles aventures festivalières!

D’ici là, n’oubliez pas, « Vive le cinéma »!

Emmanuel Pujol

 

 

 

 

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Fou de cinéma et fou tout court, Emmanuel écrit pour Fan-de-cinema.com, se fait filmer dans Après la Séance et mange, dort, vit cinéma 24 heures/24! De films en festivals, il ne rate rien de l'actu ciné pour vous faire partager ses coups de coeur et ses coups de gueule...


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2 Réponses pour "Festival de Deauville, saison 3 épisode 6, rideau…"

  1. avatar Youlie dit :

    J’avais déjà vu (ou lu je ne me souvient plus) un reportage sur cette période charnière des studios Disney, entre Taram et la belle et la Bête, ça devait être super intéressant !
    Espérons que nous sommes en train de vivre un autre moment comme celui là a car les derniers 2D depuis Tarzan et jusqu’au La princesse et la Grenouille (qui là heureusement a relevé un peu le niveau), on était retombé en période ‘obscure’ si l’on peut dire !

    POur TOUT VA BIEN, THE KIDS ARE ALL RIGHT je me répète mais y a une avant première le 30 Septembre au Gaumont Opéra Premier pour ceux que ça intéresse !

  2. avatar Youlie dit :

    Et le palmarès alors 😉 ?