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Festival de Cannes, vendredi et samedi: premiers pas

Samedi soir, 3h du matin, je trouve ENFIN le temps de m’asseoir quelques minutes pour pouvoir vous livrer mes premières impressions sur un Festival complètement fou. Tourbillon!

Carte Presse CannesVendredi

Premier jour, le soleil brille, j’arrive au Palais des Festivals après être passé devant l’impressionnant pavillon Canal +. Grâce à une organisation impressionnante et parfaitement réglée et pour ne rien gâcher aussi aimable qu’efficace, je récupère mon badge en un temps record. Sac « Cannes 2010 » en bandoulière, j’ai donc un peu de temps devant moi avant le premier film au programme, le Tournée de Mathieu Amalric en séance de rattrapage dans la salle du 60eme. Je déambule au hasard des allées du Marché du Film où d’improbables nanars cotoient de grosses productions dans une atmosphère de ruche où gros nababs et jolies pépée (enfin hôtesses pardon)  se croisent et se jaugent (je vous en reparlerais prochainement avec photos à l’appui) Ambiance, ambiance!

Premier défi à Cannes? Repérer l’emplacement des nombreuses salles de projection, comprendre comment marche le système des invitations pour les séances de la compétition (simple: chaque heure écoulée me donne droit à 2pt, je peux accumuler 130 pts au maximum que je peux échanger contre des séances dont la valeur varie en fonction de la demande, les séances les plus chères étant évidemment celle de 20h et 22h en présence des équipes des films – smoking obligatoire!) Bref, ne voulant prendre aucun risque, je rentre très en avance pour Tournée. Et même en étant 30 minutes en avance, je me retrouve au premier rang, la salle pourtant assez grande se retrouvant complète 15 à 20 minutes avant le début de la séance – mon ami Corvis l’apprenant à ses dépens. Premier film et première agréable surprise pour moi malgré une dernière demi-heure un peu plus poussive, Mathieu Amalric signe un joli film d’une belle humanité.

Ensuite, vraie première erreur de ma part, j’ai voulu mon moment d’éternité sur les marches, je me mets donc dans la file d’attente dernière minute (c’est à dire sans invitations, cf ci-dessus) pour la projection de Wall Street 2. J’ai certes pu rentrer mais si comme le dit la tagline du film « l’argent ne dort jamais », moi si (d’ailleurs, pour les plus technophiles d’entre vous, pas la peine d’attendre deux jours pour que je vous livre des réactions aussi essentielles en sortie de projo. Quand mon iPhone daigne avoir de la batterie, il suffit de me suivre sur Twitter à l’adresse: http://twitter.com/fandecine Simple, rapide, efficace et LIVE!). Bon sinon évidemment le frisson de monter les marches mythiques est réel, il le sera bien plus à la première séance en smoking, peut être lundi pour Biutiful!

Je sors de ce nanar de luxe signé Oliver Stone sans savoir encore que ça allait être là mon dernier film de la journée. Car si tout avait bien commencé, je vais vite me rendre compte que si le matin, les festivaliers récupèrent de leur nuit agitée et alcoolisée, l’après midi, TOUTES les séances sont prises d’assaut et mon badge bleu « Festival » ne me donne droit à aucun passe droit… Aie! Mais avant je m’accorde une pause « luxe et volupté » en charmante compagnie à la terrasse du Carlton. On ne se refuse rien! Le défilé est impressionnant, notamment deux sculpturales jeunes femmes (russes?) toutes en jambes avec micro short en jeans, t-shirt déchiré et bikini apparent. Vous avez dit too-much? Bienvenue à Cannes!

Petit passage devant le fameux plateau du Grand Journal de Canal Plus pour constater – assez consterné – que l’émission était entièrement répétée (un « filage » dans le jargon grandeur nature) avec questions précises des chroniqueurs, reportages et tout et tout…. Un envers du décor étonnant qui prouve à quel point tout doit être réglé au millimètre, les enjeux et les sommes engagées étant trop importantes pour laisser la place au moindre grain de sable (en parlant de sable, la plage a quand même bien été abimée par la tempête)

Je me présente ensuite trop tard pour Un poison violent à la Quinzaine des réalisateurs et je sèche la Chatroom de Nakata (sans trop de regrets étant donné les avis partagés que je recueille le lendemain) pour cause de soirée, la première (et peut être la dernière, qui sait!). Direction une belle plage pour une soirée alcoolisée et lunetée (chérie, chéri!) que je passe entre la piste de danse et une vieille baignoire en fonte où je fais assez sensation pour être pris en photo. Je rentré grisé et surtout gris. La tête fait mal mais le Festival commence bien!

Festival Cannes SamediSamedi

Les cloches sonnent dans ma tête et il est évidemment impossible pour moi d’être à la première projection de 8h30. Je ne sais pas pourquoi mais je pense que cette incapacité risque d’être récurrente surtout quand vous saurez que j’ai 30 bonnes minutes de bus pour arriver sur la Croisette le matin. Bref, la tête encore embrumée du gin de la veille – elle le restera jusqu’au soir d’ailleurs sans avoir besoin de recommencer la moindre goutte d’alcool – je subis le premier revers de la journée: n’ayant pas pu réserver une place pour le Woody Allen, j’espère rentrer en dernière minute. Mais la foule est telle que même toutes les invitations ne pourront pas rentrer – et deviner quoi, mon ami poisseux Corvis en fait évidemment partie, il se présente 15 minutes avant la séance alors que c’est bien précisé sur l’invitation qu’il faut arriver 20 minutes avant la projection! Sacré lui…

Mais pour me consoler, je récupère une invitation pour le Mike Leigh à 14h auprès d’une festivalière qui faisait la queue avec moi, comme quoi je n’ai pas tout perdu et je file à la séance de rattrapage de The Housemaid, un thriller coréen en compétition bien barré et à l’ambiance très prenante et dérangeante. Une jolie réussite. Et que dire de Another Year du barbu british Mike Leigh? Une superbe chronique, pleine de pudeur et d’intelligence illuminée par la performance de Lesley Manville. Tient-on déjà là le prix d’interprétation féminine de ce 63eme Festival de Cannes? En tout cas, ce n’est pas la pluie qui s’abat sur Cannes qui va doucher l’enthousiasme des spectateurs devant ce film profondément simple et juste sur la vie « normale » – paradoxale à Cannes où la normalité n’existe pas, elle est même bannie.

RubberVont ensuite commencer les 3h les plus étranges de mon premier Festival, 3h faites d’attentes improbables, de discussions cinéphiles passionnées et d’inattendus revirements de situation. Après un nouvel échec à la Quinzaine, Shit Year étant complet, je me présente 30 minutes avant à la projection de Belle Epine à la semaine de la Critique. Et là, consternation, une queue immense attend déjà sous la pluie, les agents de sécurité, très classes dans leurs costumes beige, nous disent que cela ne sert à rien d’attendre. Effectivement, je ne rentrerais pas! Il est 17h30, le prochain film est à 20h, c’est le très buzzé Rubber de Quentin Dupieux. Constatant dans l’agenda du jour qu’aucun film programmé jusqu’à cette heure là ne me paraissait essentiel, je décidais de faire la queue pendant 2h30, oui oui vous avez bien lu, 2h30. J’en profitais juste pour aller m’acheter un petit sandwich et je prenais fièrement et courageusement ma place en tête de la file des badges « Festival » et autres, absolument pas prioritaires face aux badges presse, et autres invitations. Comment meubler ces 2h30? Et bien en réalité, très facilement: on discute avec ses voisins de la file « journaliste », on échange ses points de vue sur les films déjà vus – plutôt concordants d’ailleurs, on se fait pote avec le vigile (très important ça!), on constate avec effarement que la queue fait déjà bien 50m de long 1h30 avant le film et surtout on stresse de ne pas rentrer car le film a fait un gros bruit médiatique et sont prévus 200 invités pour une salle de 350 places. Je vais faire court: les invités arrivent, la presse commence à rentrer et basta, plus de places, plus de la moitié des journalistes ne rentreront pas, il est donc évident que les badges bleus non plus. 2h30 d’attente pour rien, ca fait mal, même les vigiles sont dégoutés pour moi. Je mets évidemment ce superbe échec sur le compte de Corvis le poissard qui m’avait rejoint en tête de peloton après s’être échappé d’un film du Marché absolument naze et dont je tairais par gentillesse le nom. Toutefois, la soirée s’annonçait plutôt bien puisqu’ils se murmuraient que nous pourrions rentrés à la soirée…Rubber (sans avoir vu le film!). Et là le miracle, les vigiles viennent me taper sur l’épaule discrètement et me disent qu’ils m’ont gardé deux places au chaud. Ni vu ni connu, on se faufile dans la salle avec Corvis pour voir un film barré et jouissif, un OFNI assumé plein de clins d’oeil référencés, joyeusement foutraque et pleinement absurde voire abscon (why? No fucking reason!). Bon, bien sur, trop de réussite ne pouvait pas durer: j’ai aidé Corvis à essayer de redémarrer sa voiture en la poussant sur la Croisette – véridique, Corvis n’ayant plus de batteries dans son portable, nous n’avons jamais pu retrouver son pote et, de ce fait, le chemin de LA soirée hype du film susnommé. Solution de repli? Une bonne pizza, un coucou rapide à Francois Guerrar, un attaché de presse, croisé devant les marches en compagnie de Roschdy Zem et la projection tardive de Kaboom, deuxième montée des marches et même pas un demi-film pour moi puisque j’abandonnais avec regret et assez lachement mon compagnon de projection pour attraper le dernier bus de nuit (merci la ville de Cannes, à 2h plus de bus!) et pouvoir vous raconter mes aventures avant un sommeil bien mérité et très court puisqu’il est déjà 5h du matin. Les critiques attendront un peu, demain dimanche, grosse journée ou échec à répétition? Seul le destin nous le dira!

Cannes? Ce n’est pas vraiment du cinéma et pourtant ce n’est que du cinéma. Sur l’écran bien sur mais en coulisses aussi et surtout: business, paillettes, jolies filles, tapis rouge, tourbillon perpétuel d’une Quinzaine folle. Qui sait sur quels rivages nous échouerons durant la semaine à venir? Bonne nuit et suite au prochain numéro!

Emmanuel Pujol

 

avatar A propos de l'auteur : Emmanuel Pujol (218 Posts)

Fou de cinéma et fou tout court, Emmanuel écrit pour Fan-de-cinema.com, se fait filmer dans Après la Séance et mange, dort, vit cinéma 24 heures/24! De films en festivals, il ne rate rien de l'actu ciné pour vous faire partager ses coups de coeur et ses coups de gueule...


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4 Réponses pour "Festival de Cannes, vendredi et samedi: premiers pas"

  1. avatar madmax dit :

    Que d’émotions! Tuas prévu de feire des vidéos pour nous faire partager l’ambiance ?

  2. avatar eman02 dit :

    Pour les vidéos, j’ai bien peur que ca ne soit l’an prochain! Par contre, demain RDV sur le Mouv’ en direct à 19h20 pour faire un premier point sur tous les films cannois

  3. avatar Vlad dit :

    Toujours pas de billet aujourd’hui ? Tu t’est égaré dans la foule, perdu dans une file d’attente interminable ou bien carrément endormi en salle de projection ?

    Je plaisante, je sais par Twitter que tu as réussi à avoir un invitation pour le film de Kitano. J’attends tes papier avec impatience.

  4. avatar eman02 dit :

    Et depuis le Kitano, il y a eu plein de nouveaux twits! C’est beau la technologie… Sinon pour les billets d’humeur, ils sont tous les deux jours pour l’instant, le prochain sera donc en ligne quand je rentrerais ce soir après la projo de la meute! Et promis je mets a jour de mes critiques ce soir aussi… Et demain ça recommence des 8h30 pour le Xavier Beauvois, pourvu que je me lève!