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Festival de Cannes, jeudi et vendredi: le tourbillon continue
Il est 7h du matin, je viens de rentrer d’une folle nuit cannois (oui je ne comprends qu’Ã la fin du Festival comment ca marche, mieux vaut tard que jamais), je prends juste le temps de vous raconter mes aventures rocambolesques et je repars en salles direct, petite nuit blanche parce que Cannes le vaut bien!

Noami Watts et Sean Penn
Jeudi
La journée ne commence pas au mieux puisque je me réveille à 8h alors que j’aurais du être de projection dès 8h30 pour le Fair Game de Doug Liman… Tant pis, j’apprendrais plus tard que je suis blacklisté pour la séance du lendemain à 8h30 pour Hors la loi (pour faire simple, si vous n’utilisez pas un billet réservé, vous recevez un carton jaune en l’occurence l’impossibilité de réserver à une autre séance. Au 2eme avertissement, c’est le rouge, votre compte est bloqué. Sympa!)
La journée sentait la loose avant même un premier film quand Agatha sortait de sa boite et m’annoncait qu’elle avait une invit en rab pour le Doug Liman à 13h30 ET le Ken Loach à 16h30… Ca pour une nouvelle, c’était une bonne nouvelle et je me rendais donc l’esprit serein à la projection de Simon Werner a disparu, d’autant plus serein que j’avais pu aussi réserver une place pour la projection à 22h30 de la Nostra Vita, 3eme film en compétition de la journée et surtout première montée des marches en smoking pour moi… Cool! Revenons à nos moutons et à ce Simon Werner présenté à Un Certain Regard, compétition que j’affectionne tout particulièrement depuis quelques jours. Ce faux thriller mais vrai teen-movie est un mélange de Rashomon (pour la diversité des points de vue) et d’Elephant (même lieu, même mal-être adolescent). Ca a beau ressembler à un téléfilm tiré d’une série AB de luxe, les jeunes acteurs ne sont certes pas d’un naturel et d’une justesse confondantes, il n’empêche que ca marche et que le film fonctionne bien, une agréable surprise, encore une!
On enchainait ensuite (à peine le temps d’avaler une foccacia) avec le Doug Liman, le seul film américain en compétition est la vraie question à se poser est « mais que fait ce film à Cannes? ». Tirée d’une histoire vraie, le film nous ressert une n-ième fois le mensonge de l’administration Bush sur l’existence en Irak d’armes de destruction massive. Mise en scène plate, acteurs peu concernés (Sean Penn ne joue pas, il se contente d’être Sean Penn et jamais son personnage), on s’ennuie ferme et on oublie le tout dès la séance terminée. Circulez, il n’y avait pas plus à voir sur l’écran de la salle Lumière que de menace nucléaire en Irak, encore un film pour les Américains gavés de Fox News!
La tentation était grande de sécher ensuite le Ken Loach qui traitait lui aussi de la guerre en Irak. Le temps était au beau fixe et la programmation assez absurde du Festival de coller deux films traitant du même sujet portaient à réflexion. Finalement mon stakhanovisme infaillible me poussait en salle où au moins il faisait frais. Et contrairement à la majorité des critiques, j’ai été plutôt séduit par ce Route Irish, mélange de thriller politique et de film social si cher à Loach. On ne s’ennuie pas, on s’attache aux personnages, on passe un vrai bon moment de cinéma!
Une petite promenade sur la Croisette plus tard (où Corvis et moi nous faisons aborder par des quinquagénaires fortement alcoolisées devant le Carlton qui nous draguent pathétiquement et veulent qu’on les aide à entrer dans le Palace – nous fuyons rapidement!), il est temps de rentrer à l’appartement pour se déguiser en pingouin pour la 1ere fois du Festival. Après changement de chemise, enfilage compliqué de boutons de manchette, je me retrouve consterné à l’arrêt de bus: à Cannes, les bus passent en horaire bus de nuit dès 21h alors qu’il fait encore jour sur la Méditerranée! Fabuleux pendant le Festival de réduire la fréquence des bus toutes les heures, je suis obligé de marcher 10 minutes pour attraper une autre ligne de bus qui m’amène au Palais juste à l’heure pour la montée des marches de La Nostra Vita, le film italien de la compétition. J’avoue, pour une première en smoking, j’ai apprécié le moment, une belle montée des marches avec deux compagnons de projection rencontrée l’avant-veille. Ou comment prendre son temps pour immortaliser un moment, avouons-le, assez mythique. C’est à ce moment là qu’on se rend compte de l’aspect éternel et futile du Festival, de son aura et de sa place spéciale dans l’industrie du cinéma. Et le film me direz vous? Personnellement, cette histoire d’un père veuf qui lutte pour élever ses deux enfants et se reconstruire une vie m’a beaucoup touché, notamment grâce à la performance d’Elio Germano qui va venir selon moi concurrencer Javier Bardem pour le prix d’interprétation masculine – notamment grâce à une scène magnifique et poignante où notre héros chante à l’enterrement de sa femme!
Pendant ce temps là , la semaine de la Critique était la première section à rendre son verdict et couronnait sans surprise Armadillo, documentaire choc sur la guerre en Afghanistan signé du danois Janus Metz. Le film vietnamien Bi n’aie pas peur, que j’avais pu voir à Paris et que j’avais trouvé envoutant mais classique et lent, remportait les prix SACD et ACID/CCAS. Enfin, les élèves de lycées français et allemand remettaient leur prix de la (toute) jeune critique au très réussi polar suédois Sound of Noise
Et pour finir la soirée en beauté, une petite fête cannoise sur une plage, très jazzy avec piano bar et champagne à volonté. Le tout m’amène sur les rivages de la nuit et Morphée m’accueille avec bienveillance aux premières lueurs de l’aube.
Vendredi
Courageusement je sacrifie mon sommeil pour la projection de Hors La Loi où j’espère avoir des places de dernière minute. Mais aussitôt arrivé en vue du Palais, je comprends la difficulté de la tache: car de CRS, foire d’empoigne, défilés d’anciens de la guerre d’Algérie contre le film, je ne tente même pas ma chance et je retourne dormir jusqu’à midi. Revenant dans le centre vers 13h, je m’apprête à enchainer à Un Certain Regard Rebecca H. et Le secret de Chanda quand Jean Zeid me dit que le premier est très long, très bizarre et surtout très très chiant alors qu’il ne dure que 72 minutes! Je me mets donc en quête improbable de place pour le Hors la Loi qui déchaine toujours les polémiques de ceux qui ne l’ont pas vu. Et là , le coup de chance, je me mets devant la queue pour repérer les possesseurs d’invitations orange n’ayant pas de badges d’accréditation (ah je ne vous ai pas expliqué: les invitations imprimés sur fond orange ont besoin d’un badge tandis que les invitations bleus n’en ont pas besoin. Toutefois, vous pouvez rentrer avec une invitation orange si vous êtes accompagné par un badgé!). En moins de 30s, deux jeunes avec des invitations orange reprennent une invitation qu’ils avaient donné à une femme sans badge pour me la proposer et me demander d’être leur accompagnateur. Je n’hésite pas tout en m’excusant hypocritement auprès de la malheureuse et me voilà dans la salle pour découvrir LE film qui déchaine les passions cannoises… Enfin dans la salle, pas tout de suite car les contrôles de sécurité ont été renforcés: vrai fouille des sacs (deux fois!), palpation digne du Parc des Princes, CRS en bas du tapis rouge, on sent le stress avoir envahi la Croisette. Et au bout des 2h15 de film, on se demande bien pourquoi ce film a déchainé tant de passion et de controverse. Il faut vraiment ne pas l’avoir vu pour oser le traiter de révisioniste ou d’anti-français tant il n’est jamais complaisant sur les méthodes terroristes du FLN pas plus qu’il n’élude les exactions du gouvernement français. Au final, une belle fresque historique racontée à travers le prisme d’une fratrie divisée. Un bon moment de cinéma qui ne devrait pas toutefois remporter la Palme.
Le temps de prendre l’apéro au Short Film Corner et de récupérer une invitation pour la soirée du Court sur la plage du Majestic, je filais justement dans l’hôtel même pour la dernière du Contrôle technique cinéma du Mouv’ où je retrouvais Jean Zeid et Véronique Lopes – comme lundi dernier – pour dresser un premier bilan de la Quinzaine. Il nous était difficile de dégager un favori pour la Palme même si nos faveurs allaient au Mike Leigh, Another Year et à Des Hommes et des Dieux de Xavier Beauvois en attendant peut être une ultime surprise avec le film hongrois projeté samedi, un garçon fragile – le projet Frankenstein. Côté prix d’interprétation féminine, les pronostics oscillaient entre Juliette Binoche, Lesley Manville et la coréenne YUN Junghee (Poetry).
Une bière plus tard, et par acquis de conscience (un film dans la journée, c’était vraiment trop peu), je m’installais au cinéma de la plage sur un transat confortable pour un concert des Flying Padovanis et le documentaire Rock’n’Roll… of Corse! sur le leader de ce groupe, ancien guitariste de Police! Résultat? Un excellent docu rock et entrainant qui m’amenait jusqu’à la plage du Majestic où le champagne coulait à flot et les petits fours délicieux passaient entre les convives pour une soirée glam et chic. Comme ca n’arrive pas tous les jours, j’en profitais à fond, le Festival touchant clairement à sa fin autant le vivre pleinement.
Ce même vendredi soir, c’était à la Quinzaine des réalisateurs de rendre son verdict et de récompenser trois films que je n’ai pas vu (quelle honte, j’avoue): le prix Art Cinema Award revient au français Pieds nus dans les limaces, le prix SACD couronne Illegal (Belgique) et enfin le Label Europa Cinémas prime Le Quattro Volte (Italie)
Je vais finalement peut être faire un petit somme pour ne pas m’écrouler et me retrouver à 12h en salle et en pleine forme pour le dernier film de la compétition, le hongrois sus-nommé et faire donc l’impasse sans regret sur la suite de Soleil Trompeur que je n’ai pas vu!
Rendez vous demain dimanche pour un dernier billet d’humeur et en attendant n’oubliez pas le Twitter de fan-de-cinema! This is so glam, so Cannes, j’adôre!
Emmanuel Pujol
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Et la photo de manu en smoking montant les marches, elle est où !!!
Bon, on attend les critiques des films avec impatience …
Pas de photo en smoking… Peut être ce soir, peut être!
Les critiques plus complètes que les simples avis dans les billets vont être rattrapées au fur et a mesure, et ce des dimanche soir dans le train!