Cine Blog » Festivals » Festival de Cannes, dimanche et lundi: des films oui, des soirées non
Festival de Cannes, dimanche et lundi: des films oui, des soirées non
Le rythme des billets est pris, une fois tous les deux jours pour vous rendre compte de l’ambiance et de l’atmosphère qui règne sur la Croisette pendant l’effervescence du Festival. Avec mon badge bleu, impossible de rentrer aux conférences de presse et les invitations aux soirées sont rares (pour ne pas dire inexistantes) mais j’arrive quand même à voir des films et croiser des gens sympas pour parler … ciné évidemment…
Dimanche
Le beau temps est revenu sur la Croisette. Je m’accorde une grasse matinée et ne débarque que vers 12h30 à Cannes pour aller m’installer directement dans la queue d’un des films qui avait fait le buzz avant le Festival, le film d’horreur uruguayen, tourné en un unique plan-séquence avec un appareil photo Canon, j’ai nommé la Casa Muda. Je profite de la queue pour taper la discute avec de sympathiques lyonnaises à la retraite habituées du Festival et je croise Jean Zeid, l’animateur du Mouv’ avec qui je devrais dès lundi faire un Contrôle Technique cinéma en direct du Palais à 19h15. Lui, la carte presse il l’a ce qui lui permet d’arriver 10 minutes avant le film et de ne PAS faire la queue, veinard! Il aura la gentillesse de me réserver des places à l’orchestre, en vain puisque le vigile – moins sympa au théâtre Stéphanie qu’au Miramar – m’empêchera de le rejoindre pour cause de salle comble (oui enfin, mon siège était libre puisqu’il était reservé enfin bref!). Résultat? Je me retrouve au balcon juste devant une bande d’adolescentes pré-pubères qui, même à la Quinzaine des Réalisateurs, ne peuvent s’empêcher de glousser et de commenter le film. Pénible et gâchant évidemment le potentiel effrayant du film. Bon et cette pelloche, en définitive, verdict? Même c’est loin d’être une arnaque à la Paranormal Activity et que la tension est habilement montée en épingle, le twist certes surprenant rend à mes yeux la première partie du film totalement incohérente. Un nouveau visionnage en DVD s’impose en connaissant le fin mot de l’intrigue. Il reste la prouesse technique de cette unique plan-séquence de 72 minutes totalement bluffant.
J’avale un sandwich et j’enchaine ensuite avec Les amours imaginaires, le nouveau film du petit surdoué canadien de 21 ans, Xavier Dolan, présenté dans la section « Un certain regard ». Ma journée avait une certaine logique puisqu’après « j’ai tué mon père » dans la casa muda, je me retrouve devant le 2nd film du réalisateur de j’ai tué ma mère! Très esthétique, parfois maladroit dans ses références, maniéré parfois à l’extrême, attachant et agaçant, le film confirme que Dolan est une jeune figure montante du cinéma mondial à suivre de très près.
Je m’autorise ensuite une pause diner dans un excellent restaurant libanais, menu qui me permettra sans doute de tenir 2 ou 3 jours sans manger tellement c’était copieux! Le reste de la soirée allait consister à trouver un film auquel je pourrais assister. Le Allen peut être? Raté, la séance est complète. Alors le Kitano? Encore raté, la séance est réservée à la presse et ce même si la salle n’est pas remplie. Je me retourne donc vers La Mirada invisible, film argentin de la Quinzaine des réalisateurs, que je découvre dans une nouvelle salle, les Arcades, un des cinémas permanents de Cannes. Le film est loin d’être inintéressant mais la fatigue a raison de ma résistance, mes lentilles commencent à coller et je m’assoupis généreusement. Je peux quand même vous dire que le film raconte l’histoire d’une surveillante d’un collège obsédé par l’un des jeunes élèves et que le surveillant principal apprécie beaucoup, le tout sur fond de dictature argentine touchant à sa fin. Un film fort et intriguant!
Il est temps pour moi de rentrer en bus et de décliner l’invitation de Corvis à l’accompagner à la 2eme et dernière projection de minuit, celle de l’Autre monde de Gilles Marchand dont mon acolyte ressortira mi-figue mi-raisin. Et comme la veille, c’est là que j’ai les conversations les plus intéressantes du Festival, cette fois avec un allemand qui bossait pour Arte et qui était devenu investment manager pour une boite de prod luxembourgeoise… ou comment faire passer 20 minutes de transport pénibles en moments instructifs et positifs!
Lundi
Pas plus que la veille, je n’arrive à me lever tôt. J’arrive donc tout juste aux abords du Palais pour tenter ma chance en dernière minute pour Outrage de Kitano en compétition officielle. Je n’ai même pas le temps de stresser qu’un vigile me voyant courir me tend une invitation que je m’empresse d’accepter au nez et à la barbe d’un vieux monsieur qui, faut de badge, n’aurait de toutefaçon pas pu en profiter. Nouvelle montée des marches pour moi, j’en deviens presque blasé, vivement ma première en smoking! Et le film me direz-vous? Kitano brode de manière ultra-violente sur le thème de la vengeance et du respect du code de l’honneur chez les mafieux yakuza. C’est esthétiquement assez recherché dans la façon de tuer et de torturer mais le film se résume à une surenchère perpétuelle dans les règlements de compte. En un mot, décevant! Le public semblant partager mon avis en quittant progressivement la salle.
Pas le temps de respirer, je sors à peine de la salle et je tente ma chance (sans grand espoir) pour la salle Debussy (encore une salle du Palais que je ne connais pas!) pour Carancho, le nouveau Pablo Trapero qui avait secoué la Croisette avec Leonera en 2008 et qui retrouve pour l’occasion son actrice fétiche, Martina Gusman. Voilà le genre de film que j’aime bien, une chronique sociale doublée d’une comédie romantique avec un fond de film noir dont les deux personnages principaux sont durement chahutés par la vie, un avocat déchu qui cherche des victimes d’accidents à arnaquer et une médecin urgentiste droguée au bord du surmenage. Fort, très fort même si la scène finale, trop attendue et évidente, vient un peu gâcher le tableau d’ensemble.
Décidément, ma journée échappe aux échecs puisque j’enchaine par un 3eme film, cette fois sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs, un des rares (si ce n’est le seul d’ailleurs!) film israélien de la quinzaine,Ha‘Meshotet (le Vagabond) d’un jeune réalisateur qui vient du cinéma expérimental. Et je dois bien avouer qu’au bout de cette heure et demi d’errance, je regrettais presque de ne pas avoir été refoulé à l’entrée. C’est peu de dire que je n’ai pas été conquis par ce vagabond qui représente à mes yeux le pire du cinéma indépendant intello. Je suis très sévère mais filmer pendant 30s en gros plan des oeufs en train de cuire, c’est trop arty et conceptuel pour mes capacités intellectuelles. Même si le film n’est pas dénué d’humour, même s’il traite de thèmes que l’on retrouve souvent dans ce Festival (le rapport au père, le mal-être sexuel), il m’a plus ennuyé que touché. Suivant!
19h, c’est l’heure de me rendre dans les entrailles du Palais pendant que l’équipe de Biutiful – que je n’ai pas pu voir aujourd’hui et que je dois absolument rattrapé demain soir – montait les marches pour la première émission du Mouv’ en direct de Cannes. Pendant une petite demi-heure entrecoupée de musique et d’infos, on a fait un premier bilan de ce 63eme Festival, constatant à l’unanimité qu’aucun film n’avait suscité un enthousiasme général, que la compétition officielle manquait de force et de folie et que finalement les films les plus intéressants et les plus audacieux se trouvaient pour l’instant dans les sections parallèles. Suite mardi soir pour un nouveau contrôle technique cinéma (en fonction évidemment des projections prévues!). On a ensuite refait l’émission autour d’une bonne bière, j’ai avalé un hamburger rapidement dans une chaine de fast food américaine dont je tairais le nom (elle n’a pas besoin de moi pour faire sa pub!) et je rejoignais Corvis dans le Palais (encore une nouvelle salle, la Bunuel cette fois) pour mon 4eme et dernier film de la journée dans un genre complètement différent des 3 précédents, un film idéal pour finir une telle journée et que j’espérais être un petit plaisir coupable, j’ai nommé la Meute, nouvelle tentative de cinéma d’horreur à la française. Initialement prévu sur la plage, la projection a du être relocalisé dans le Palais suite à une demande du CNC, le film étant interdit aux moins de 12 ans. Au final, le film commence plutôt bien mais manque cruellement d’enjeux, d’un climax digne de ce nom et hésite trop longtemps entre humour et angoisse pour au final rendre une copie certes pas ridicule mais totalement bancal. Dommage!
Ca sera tout pour ce soir. A partir de demain, je rattrape les nombreux papiers que j’ai en retards et surtout surtout j’inaugure les séances matinales puisque j’ai récupéré une invitation pour la projection de 8h30 de Des Hommes et des Dieux, le 3eme et dernier film français en compétition.
A mercredi soir pour un nouveau billet et d’içi là rendez vous évidemment sur Twitter: www.twitter.com/fandecine pour suivre mes aventures en direct de la croisette!
Emmanuel Pujol
Classé dans : Festivals · Mots-Clés: Cannes, en direct de
Dans ton prochain billet, tu pourrais nous donner ton favori pour la palme ? Il y a déjà pas mal de bruits de couloirs alors que le festival n’est pas terminé (on parle beaucoup du film de Inarritu par exemple)
Chère Zelda,
Je donnerais mes favoris pour le palmarès à la fin de la semaine car comme le dit le dicton populaire, c’est à la fin du bal qu’on paie les musiciens…
Et ce d’autant plus que les projections d’Inarritu étant prises d’assaut, je l’ai loupé! Mais je vais me rattraper, c’est promis! Et le film de Beauvois, Des Hommes et des Dieux, a mis une belle claque, bien austère, aux Festivaliers aujourd’hui!
A demain pour le billet d’humeur, ce soir je suis de critiques!
Tu peux me dire «cher» car je suis bien un garçon ! Mais ce pseudo me plait bien.
snif, j’attendrais donc la fin du festival pour ton pronostic à condition bien sur que tu le donnes avant l’annonce des résultats ….
Pardon Zelda pour la confusion mais Zelda restera toujours la princesse de Link 😉
Sinon tu auras bien sur mes pronostics avant l’annonce des résultats. Je pense que tu les trouveras dans mon billet de vendredi soir!