Je suis un Cyborg, le nouveau film de Park Chan-Wook

L’HISTOIRE

Internée, Young-goon est persuadée d’être un cyborg. Elle refuse de s’alimenter préférant sucer des piles et parler aux distributeurs automatiques.

Il-soon pense que tout va bien ! Grâce à son pouvoir qui lui permet de s’approprier la personnalité des gens qu’il observe, il est le seul à la comprendre. En tombant fou amoureux d’elle, il va tenter de la ramener à la réalité…

PAROLES DE REALISATEUR

J’ai d’abord pensé à ce film sans le prendre vraiment au sérieux. J’avais à l’époque 8 projets de tournage en HD et j’ai pensé que ce film serait une bouffée d’oxygène entre ma trilogie sur la vengeance, dont la réalisation m’a pris cinq ans, et avant mon prochain film, EVIL LIVE, en projet depuis longtemps.

Si j’étais Beethoven, ce film serait un peu ma Huitième Symphonie. Si j’étais Sam Peckinpah, je le comparerais à sa ballade élégiaque JUNIOR BONNER, qu’il a tournée entre ses films les plus violents LES CHIENS DE PAILLE et GUET-APENS. Mais, comprenez-moi bien, je ne me compare pas à ces grands maîtres !

Amusant à faire, et amusant à regarder, j’ai voulu faire un film que ma fille et mes amis pourraient voir et qu’ils trouveraient drôle. Finalement, ce film est si particulier que j’ai encore du mal à croire que je l’ai réalisé. Comment donc devais-je l’intituler ? Je pense que JE SUIS UN CYBORG fonctionne comme une récréation. Des enfants s’y retrouvent, jouent des personnages différents, comme la maman, le papa, le fils, la fille, le médecin, l’infirmière, avec leurs petites dînettes, en faisant semblant de bien tenir la maison.

En réalité, les gens sont angoissés car ils ignorent le sens de leur existence. Et ceux qui sont un peu plus angoissés que la normale sont placés en asile psychiatrique. Incompris par les adultes dans un monde de faux-semblants, les enfants sont certains que leur univers est stable et logique. De même, les schizophrènes se créent leurs propres mondes et s’y enferment. Cet asile est donc un grand jardin d’enfants. Chacun des fantasmes, chacune des illusions des patients fait sens dans leur univers à part. Et lorsque leurs mondes personnels se rencontrent dans une réalité semi-virtuelle, cela suscite une grande clameur. C’est un miracle qui ne pourrait pas se produire dans un véritable hôpital psychiatrique. Et les forces qui donnent naissance à ce miracle se nomment “compréhension” et “compassion”.

Rien d’étonnant à ce que la compassion soit le thème de mes films SYMPATHY FOR MR. VENGEANCE et LADY VENGEANCE. En tournant JE SUIS UN CYBORG, j’ai compris qu’il était plus difficile de représenter l’amour que la haine et par conséquent, de définir les contours de l’amour sans avoir l’air d’un hypocrite.

Et bien que j’y sois parvenu au terme d’une grande lutte intérieure, j’espère que le résultat vous plaira.

Alors, tout ira bien !

PARK CHAN-WOOK

AUTOUR DU FILM

Adieu la vengeance, place à l’amour

L’histoire du film débute de façon très surprenante. Une nuit, PARK Chan-wook a rêvé de balles de revolver qui jaillissaient du corps d’une jeune fille. Bien que l’idée de départ soit celle d’une jeune femme capable de se servir de son corps comme d’une arme, le film décrit par la suite l’histoire d’amour pure et unique naissant entre les deux protagonistes. L’asile, très ludique, a été conçu en opposition aux traditionnels hôpitaux psychiatriques, qui symbolisent le désespoir et la cruauté. Les décors riches, aux couleurs pastelles, se démarquent de l’univers habituel du cinéaste.

Après avoir mis un point final à sa trilogie sur la vengeance, PARK Chan-wook relève un nouveau défi, avec ce qui pourrait bien être son film le plus joyeux, présentant le mélange détonant : Asile + Cyborg = Comédie romantique.

PARK Chan-wook, LIM Soo-jung, JUNG Ji-hoon, des talents parmi les plus prometteurs du cinéma coréen.

JE SUIS UN CYBORG, de PARK Chan-wook réunit LIM Soo-jung et le célèbre chanteur JUNG Ji-hoon connu sous le nom de RAIN,  dans une comédie romantique au style novateur. PARK Chan-wook est réputé pour son aptitude à imaginer des personnages qui sortent de l’ordinaire et à les rendre inoubliables dans chacun de ses films.

La transformation de LIM Soo-jung et les défis de JUNG Ji-hoon

LIM Soo-jung et JUNG Ji-hoon se sont totalement glissés dans leurs personnages, interprétant des rôles de composition de manière spontanée et surprenante, tout en modifiant profondément leurs façons de parler, les expressions de leurs visages et leurs sensibilités.

LIM Soo-jung interprète Young-goon, un personnage à part. Elle croit être un cyborg devant suivre les ordres émanant d’une radio, parlant aux objets électriques et se promenant avec une boîte pleine de piles. Avec ses sourcils qui la font ressembler à Mona Lisa, et sa coupe de cheveux ébouriffée proche de celle de CHOI Min-sik dans OLD BOY, Young-goon paraît effrontée, mais aussi infiniment pure et mystérieuse.

JUNG Ji-hoon a fait ses premiers pas d’acteur sur grand écran en abandonnant momentanément son pseudonyme de chanteur RAIN. Pour mieux incarner ce personnage qui s’approprie la personnalité et le talent des autres patients, JUNG Ji-hoon a travaillé avec SUH Yong-ryul, chanteur de country très talentueux, pour apprendre à chanter des “yodles” (vocalises tyroliennes).

Un décor unique !

La zone démilitarisée de JOINT SECURITY AREA, l’usine bruyante de SYMPATHY FOR MR. VENGEANCE, les prisons d’OLD BOY ou de LADY VENGEANCE, les lieux, dans les films de PARK Chan-wook, sont uniques et mémorables. Dans JE SUIS UN CYBORG, le tournage se déroule dans un univers très particulier : un asile. Les hôpitaux psychiatriques sont très différents des autres centres hospitaliers, car les patients peuvent y circuler librement. Le décor a été construit sur un seul niveau dans le port de plaisance du Yacht Club de Pusan. Le hall, la partie réservée aux femmes, l’espace des hommes, la salle d’électrothérapie et les douches, tous les espaces sont visibles d’un seul coup d’oeil, à l’exception de la salle de stabilisation et de l’aire de jeux. Les personnages, qui vivent dans un monde à part, cohabitent dans cet espace dépourvu de barrières, revêtu de vêtements aux tons pastels et blancs. Le décor a été imaginé comme un espace surréaliste, proche de l’univers des contes de fées et du monde d’Alice au pays des merveilles.

La toute première utilisation d’une caméra HD Viper Film Stream en Corée.

Les Effets Visuels Numériques au service d’un monde fantastique. L’industrie cinématographique innove constamment d’un point de vue technique : JE SUIS UN CYBORG a exploité du mieux possible la technologie HD, avec un système de production efficace permettant de monter un film à moindre coût et plus rapidement. La caméra Viper Film Stream offre une qualité d’image très proche de celle d’une pellicule classique. Cette caméra a notamment été utilisée pour ZODIAC de David Fincher et MIAMI VICE – DEUX FLICS À MIAMI de Michael Mann, mais personne n’en avait jamais fait usage auparavant en Corée. C’était un réel défi, mais le réalisateur était persuadé que cela lui permettrait de concrétiser visuellement ce qu’il avait en tête.

Une caméra HD peut apporter plus de textures d’images qu’une caméra classique, et permet d’économiser des coûts, mais il arrive aussi qu’elle demande d’apporter plus de soins à la photographie et aux décors. C’est pourquoi toute l’équipe qui avait collaboré sur SYMPATHY FOR MR. VENGEANCE, OLD BOY, et LADY VENGEANCE a été appelée en renfort pour assurer une qualité optimale des éclairages et des cadrages.

Les personnages et l’histoire de JE SUIS UN CYBORG sont très proches de l’univers fantastique, et c’est pourquoi le film intègre bien plus d’éléments numériques qu’aucune des précédentes oeuvres de PARK Chan-wook. La scène où Young-goon tire des balles du bout de ses doigts a ainsi été minutieusement préparée dans les moindres détails. Quant à la scène où Young-goon survole un paysage ressemblant aux alpages suisses, celle-ci a été tournée sur un fond bleu, avant que les nuages n’y soient ensuite ajoutés en surimpression. Ces séquences comme celle où Young-goon voyage à travers le ciel sur un lit tiré par des coccinelles invitent le spectateur à pénétrer un monde imaginaire semblable à celui des contes de fées. En utilisant un dispositif inédit jusque-là en Corée, et en ayant recours aux effets numériques, JE SUIS UN CYBORG inaugure un nouveau style visuel. C’est un film pionnier qui ouvre de nouvelles perspectives à l’industrie du cinéma coréen.

Des personnages hors du commun

L’intrigue de JE SUIS UN CYBORG se situant dans un hôpital psychiatrique, le film présente beaucoup de personnages hors du commun. Aux côtés de Young-goon, convaincue d’être un cyborg, et d’Il-soon, qui pense pouvoir s’approprier les talents d’autrui, on trouve un homme qui marche à reculons, une fille qui chante du yodle (chant tyrolien), et aussi un homme qui porte une large bande élastique autour de la taille. Tous ces personnages sont plus fantaisistes les uns que les autres.

Ils ont été imaginés suite à la lecture de nombreux livres autour des troubles psychologiques, suite à des entretiens avec des experts et des réunions avec des professionnels dans des hôpitaux psychiatriques. Chaque personnage est perturbé à sa manière, et donc, plutôt que de les représenter comme un groupe de personnes dérangées, le réalisateur a choisi de mettre l’accent sur les caractéristiques de chacun d’entre eux.

Bien qu’ils portent tous les mêmes chemises de nuit en tissu, les patients sont facilement reconnaissables par de petits détails et par des accessoires reflétant leur personnalité. Pour Young-goon, le costume prévu était particulièrement large, pour donner l’impression qu’elle était de plus en plus maigre. Pour rendre le personnage d’Il-soon plus remarquable, il porte des masques. Et le personnage qui a tellement de respect pour les autres qu’il marche à reculons, est vêtu d’une chemise de nuit qu’il porte à l’envers. Quant à la femme d’une coquetterie maladive, elle est habillée d’une somptueuse robe de chambre passée par-dessus sa tenue d’hôpital.

A propos de l'auteur : fandecine (217 Posts)

Administrateur du site Ciné Blog. Passionné de S-F, fan d'Isaac Asimov et Philip K. Dick, j'ai créé en 2005 le site Fan de Cinéma. J'aime le cinéma de Kubrick, de Tim Burton, de terry Giliams et de Ridley Scott. Je suis en général plutôt bon public et je ne m'attache pas tant à la facture des films qu'a l'histoire qui m'est contée. En dehors de ma passion pour le cinéma, je dirige une petite Web Agency.