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A Scanner Darkly en DVD le 15 mars 2007
Synopsis
Californie, 2013. Le terrorisme a choisi une nouvelle arme pour venir à bout de l’ennemi impérialiste : la drogue, dite « Substance Mort ».Tous les consommateirs du nouveau produit à la mode souffrent de paranoïa aiguë et de schizophrénie violente. Bob Arctor (Keanu Reeves), un policier spécialiste des missions d’infiltration en est lui aussi la victime et le gouvernement va lui ordonner de s’espionner lui-même.
LE FILM
Inspiré des expériences du légendaire auteur de science-fiction Philip K. Dick, A SCANNER DARKLY est une parabole tragi-comique sur l’usage de la drogue dans le monde moderne. Tel un roman graphique «live», le film superpose prises de vue réelles et créations infographiques sophistiquées, selon une technique inaugurée en 2001 par le scénariste/réalisateur Richard Linklater sur WAKING LIFE, pour créer une vision terrifiante de l’Amérique du futur.
Depuis sa disparition, en 1982, Philip K. Dick a inspiré plus d’une demi-douzaine de films, dont BLADE RUNNER de Ridley Scott, TOTAL RECALL de Paul Verhoeven et MINORITY REPORT de Steven Spielberg.
Périodiquement réédité, «A Scanner Darkly» (en France : «Substance Mort») est l’un de ses trois best-sellers, mais seulement le second de ses romans adapté au cinéma. Ce projet reflète l’admiration commune du scénariste/réalisateur Richard Linklater et du producteur Tommy Pallotta pour l’oeuvre visionnaire de Dick, que nombre d’aficionados considèrent comme la plus radicale et la plus accomplie de l’histoire de la science-fiction.
Richard Linklater : «Être fidèle à ce livre m’imposait de marier étroitement comédie et tragédie, tâche sensiblement plus difficile au cinéma qu’en littérature. Je voulais que A SCANNER DARKLY capte l’humour et l’exubérance de l’original sans rien sacrifier de sa tristesse et de son tragique. C’était à coup sûr un challenge, mais là résidait le coeur de l’histoire. »
«Les nouvelles et romans de Dick sont une source fréquente d’inspiration pour le cinéma du fait de leurs ingrédients futuristes. Certains réalisateurs leur ont emprunté certaines situations ou idées de base pour en tirer des thrillers d’action à grand spectacle. «A Scanner Darkly» relève d’une autre catégorie et se démarque nettement de quantité de visions prospectives. Les personnages sont le vrai moteur de son intrigue. Le roman est focalisé sur ces hommes et ces femmes, leurs comportements, leurs émotions, leurs pensées dans ce monde alternatif. Il s’intéresse au quotidien de ces gens, à la résistance qu’ils opposent à cet univers, à leur effort pour survivre un jour de plus.»
En 2001, Linklater s’était livré à une première expérience dans le domaine de l’animation infographique avec WAKING LIFE, premier longmétrage américain indépendant de cette catégorie. Le magazine Wired avait salué cette «vidéo improvisée, abstraite et psychédélique qui s’empare de la recette Disney/Pixar pour en tirer l’exact opposé.»
Linklater pensa que l’animation serait à nouveau le langage approprié à A SCANNER DARKLY.
Pour mener à bien le projet dans un esprit authentiquement «Dickien», Linklater et Pallotta sollicitèrent deux ayants droit de la Succession Dick, ses filles Laura Leslie et Isa Hackett. «Tommy Pallotta fit valoir un argument de poids : cette adaptation serait fidèle au livre», expliquent Leslie et Isa. «Après avoir lu le scénario de Richard et avoir discuté de nos visions respectives de «Scanner», nous avons eu la conviction que son approche était la bonne.»
Richard Linklater : «Elles ont apprécié mon désir de fidélité et mon intention de raconter toute l’histoire, sans faire l’impasse sur la drogue. Elles m’ont dit avec une belle franchise : «Sans la drogue, notre père serait encore en vie.» Leur présence spirituelle à nos côtés a été un précieux atout.»
«A Scanner Darkly appelait un traitement vigilant», poursuivent Leslie et Hackett. «C’est l’un des textes les plus personnels de notre père, car largement basé sur ses propres expériences. On n’ignore pas ce que fut son combat contre la drogue, on sait aussi de combien de drames humains il fut témoin – et nous avec lui. Ce roman est imprégné de son humour et de sa tragédie. Le scénario de Richard a su capter ces données essentielles.»
Le scénario de Linklater capta aussi l’intérêt de plusieurs grands acteurs hollywoodiens, dont Keanu Reeves.
Keanu Keanu Reeves : «Richard a écrit une superbe adaptation. Au début du film, on perçoit clairement la différence entre Arctor et Fred, puis celle-ci se brouille, et leurs personnalités finissent par se confondre, se détruire mutuellement ou se neutraliser. «Lorsque je jouais Arctor, j’en apprenais un peu plus sur Fred, et vice versa. Ces deux hommes ont une perception très différente d’eux-mêmes. Certains jours, j’avais du mal à tracer ma voie, mais c’était une expérience gratifiante d’interpréter ces scènes et d’essayer de m’y retrouver.»
Richard Linklater : «La réussite du film sera liée pour une bonne part à l’intérêt que vous prendrez à Bob Arctor et sa situation. Keanu sait gagner la sympathie du spectateur. On s’attache à lui, on partage ses épreuves.»
Robert Downey Jr. (rôle de Jim Barris) : «Ce script est le plus étrange qu’il m’ait été donné de lire. Sachant que Keanu était dans le coup, et que Richard réaliserait le film, je me suis dit : «Ces gars sont futés, ils savent reconnaître un bon rôle. Je me demande seulement comment tout cela va évoluer…» «Jim Barris est un authentique barjo. Il me rappelle ces types givrés que j’ai connus au lycée, qui étaient capables d’exploits aussi bizarres que de démonter et remonter un vélo les yeux bandés. Je me suis dit que j’allais bien m’éclater avec lui.»
Rory Cochrane (rôle de Freck) : «Richard m’a appelé en me disant :» J’ai écrit ce rôle pour toi.» Cela m’a légèrement troublé parce que je n’avais aucune envie de rééditer ce que j’avais fait sous sa direction dans DAZED AND CONFUSED. Le challenge consistait à tirer autre chose de ce personnage déjanté et encore plus sévèrement déconnecté que les autres.»
Woody Harrelson avoue avoir été dérouté par sa première lecture du script.
Woody Harrelson (rôle d’Ernie Luckman) : «C’est une intrigue à tiroirs, un enchevêtrement de réalités énigmatiques où l’on n’arrive pas à démêler la part du réel et celle de l’illusion. L’essence de mon personnage me semble, en revanche, transparente : au-delà de sa folie, Luckman est un innocent – le seul du groupe à semble, en revanche, transparente : au-delà de sa folie, Luckman est un innocent – le seul du groupe être exempt de duplicité. C’est en tout cas ainsi que j’ai déchiffré et interprété.»
«Le livre et l’adaptation de Richard sont parmi les textes les plus denses, les plus complexes, les plus inhabituels et les plus provocants que je connaisse», déclare Winona Ryder, qui interprète Donna, la petite amie d’Arctor. «Le script, qui capte à merveille l’ambiance du livre, est quasiment indescriptible. Pour moi, cela tourne finalement autour de la notion d’identité – de la perte d’identité, de la quête d’identité -, mais il y a tant d’autres niveaux !»
Winona Ryder connaissait certains détails de la vie de Philip K. Dick via ses relations familiales : «Mon parrain, Timothy Leary, était l’un de ses amis, et mon père faisait plus ou moins partie de ce cercle. J’ai su que Dick était un père incroyablement gentil et affectueux qui redoutait avant tout d’entraîner ses filles dans son univers.»
A SCANNER DARKLY a été tourné et monté comme un film traditionnel, puis transféré via Quicktime à l’équipe animation. «C’est alors qu’il est né une deuxième fois», explique Tommy Pallotta.
Ce «deuxième» film, qui superpose aux prises de vue réelles du premier une «couche» pop art psychédélique, demanda quinze mois de travail sur ordinateur. Il ne s’agissait pas simplement de calquer le réel, mais bel et bien de le recréer au moyen d’un procédé rotoscopique permettant aux animateurs de peindre sur des images en vidéo numérique sans avoir à dessiner laborieusement chaque ligne ou composant visuel. Dans ce processus, c’est l’ordinateur qui connecte les lignes et touches de couleur et crée d’une image à la suivante l’illusion d’un mouvement aussi fluide et naturel que celui de la vie même.
Ce procédé est la version améliorée de celui que Linklater avait utilisé cinq ans plus tôt sur WAKING LIFE. Mais ce n’est pas la seule différence entre les deux films : «Sur WAKING LIFE, se succédaient parfois des scènes aux tonalités très contrastées. Sur celui-ci, par contre, nous avons pensé «roman graphique» et avons tendu dès le départ vers un look cohérent et unifié», explique le réalisateur.
Et Pallotta de préciser : « Nous avons travaillé avec des illustrateurs plutôt qu’avec des peintres, des créateurs de comics ou des sculpteurs et, de manière générale, avec des gens étrangers à l’animation, pour conférer un style visuel original au film.»
Les animateurs retravaillaient le matériau vidéo dans sa continuité, scène après scène. Le logiciel autorisait tous les styles picturaux concevables et permettait de dessiner directement à l’ordinateur, qui mémorisait chaque «coup de crayon» ou de pinceau. Suivait la mise en couleurs, par superposition de couches dont chacune pouvait être remaniée indépendamment des autres. Pour assurer la continuité des couleurs, l’animateur pouvait prélever à l’aide du programme la couleur d’un objet filmé en live et la recréer sur l’ordinateur. Un tel procédé, en dépit des avancées technologiques, demande encore un temps et un effort collectif considérables : 30 artistes mobilisés durant 500 heures pour aboutir à une minute de projection. L’avantage, incommensurable : permettre au réalisateur de déployer toutes les ressources de son imagination. «J’ai la certitude que nous pouvons désormais tout faire en postproduction », dit Linklater. «C’est cela qui est merveilleux. Nous avons créé un autre monde.»
«Durant ce travail, j’ai souvent eu l’impression que Philip K. Dick, sa famille, ses millions de fans regardaient par-dessus mon épaule. C’était légèrement intimidant, mais j’ai également eu le sentiment que j’étais prêt à relever le défi. Je suis heureux de penser que le résultat ne décevra pas.»
«Et si quelqu’un d’étranger à l’oeuvre de Dick me demandait de lui décrire ce film, je lui dirais : «Cela ressemble à un cauchemar qui vous fait d’abord rire, puis devient plus noir que vous ne pourrez jamais l’imaginer.» Comme tant de choses de la vie…»
LE DVD
Editeur : Warner Home Vidéo
Image : 1.85, 16/9e compatible 4/3
Son : Français en Dolby Digital 5.1
Sous-titres : Français, anglais, arabe
Bonus :
- Commentaire audio de Richard Linklater, Keanu Reeves, Isa Dick Hackett (fille de K. Dick), Tommy Pallotta (prod.) et Jonathan Lethem (historien spécialiste de K. Dick)
- « Un été à Austin » : making of Coulisses de l’animation Bande-annonce
- Livre de Philip K. Dick « Substance mort »
Classé dans : En DVD · Mots-Clés: animation, science fiction
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