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Je Crois Que je l’Aime, au cinéma le 21 Février 2007
SYNOPSIS
Riche industriel divorcé, Lucas (Vincent Lindon), 43 ans, est irrésistiblement attiré par Elsa (Sandrine Bonnaire), 38 ans, une céramiste réputée à qui il a commandé une fresque pour le hall de son entreprise.
Mais échaudé par une récente déconvenue amoureuse, il demande au détective privé de sa société, Roland Christin (François Berléand), de découvrir pour quelles raisons cette jolie femme est toujours célibataire.
Le détective va, sans le moindre scrupule, mettre en oeuvre les méthodes d’espionnage les plus modernes. Mais gare à Lucas si Elsa l’apprenait…
ENTRETIEN AVEC SANDRINE BONNAIRE (ELSA)

Sandrine Bonnaire
VINCENT, JE CROIS QUE JE L’AIME. Parce que…
C’est un homme, c’est certain, mais avec un côté formidablement enfantin. Il ne s’emballe pas à tout bout de champ, mais quand il le fait, il est comme un gosse. Il a un charme fou et en même temps, un côté très terrien. Masculin, viril. Presqu’un physique d’une autre époque. Je le rapprocherais assez bien de Gabin, à cause de cette présence physique. Dense et bien ancrée. Dans sa façon d’aborder le travail, c’est un homme pressé. Un fonceur. Franc, audacieux et généreux. Il vous écoute vraiment, il vous regarde vraiment. Autant, avant de faire, il analyse les choses dans le moindre détail – car c’est aussi un anxieux – une fois qu’il est partant, et parti, il fonce. Il range son ego au vestiaire, il s’investit dans le personnage, il se lance dans l’aventure et se donne franchement. C’est quelqu’un d’instinctif. Et on s’est bien trouvé, car je crois qu’on fonctionne un peu de la même manière. Sur le terrain, j’entends.
MON PERSONNAGE, JE CROIS QUE JE L’AIME. Parce que…
C’est un artisan, donc une manuelle, et un artiste qui crée des fresques en céramique d’une beauté confondante. Elle a une personnalité si particulière qu’il paraît normal qu’elle ait pour amis à la fois Peter Gabriel et un champion du monde de sumo. Éclectique, exotique, frondeuse, elle a souvent raison et elle l’affirme. Elle est têtue… Une fonceuse. Quand elle a décidé d’un truc, elle y va. Elle veut terminer un boulot, elle le fait. Elle a décidé, pendant toute une période de sa vie, qu’elle serait seule, elle l’a fait… Si je devais la résumer d’un mot, je dirais que c’est une fille couillue.
Elle me permet d’aborder la comédie car contrairement à l’image qu’on peut avoir de moi, je ne me suis jamais sentie aussi dramatique ou malheureuse que mes personnages.
PIERRE JOLIVET, JE CROIS QUE JE L’AIME. Parce que…
Il fait des films… que je trouve le mot juste… élégants. Il s’attaque à des sujets totalement divers, et c’est assez rare. Il aime les acteurs. La comédie, c’est comme une partition. Il y a des rythmes à respecter. On a beaucoup travaillé dans ce sens-là : aller toujours plus vite, couper la parole à l’autre, lancer une réplique tout en faisant plein de choses. Ainsi, mon personnage est toujours en mouvement. Dans le drame, les variations de tempo sont moins difficiles à jouer. Dans la comédie, c’est beaucoup plus délicat. Il est minutieux. Ses films, il les bichonne jusqu’au bout. C’est un bosseur, encore plus exigeant de lui-même que des autres.

Vincent Lindon
ENTRETIEN AVEC VINCENT LINDON (LUCAS)
SANDRINE, JE CROIS QUE JE L’AIME. Parce que…
On s’est rencontré sur un film de Claude Sautet en 1987. On s’est croisé trois ou quatre fois, on a failli faire deux autres films ensemble, on ne les a pas faits. Mais on sentait que le jour où on se retrouverait sur un plateau, on se dirait : «Chouette ! Enfin !» Quand elle arrivait le matin, j’étais content de la retrouver. Les jours où elle ne tournait pas, je me disais : «Dommage, Sandrine n’est pas là .» C’est aussi simple que ça. J’ai beaucoup d’affection pour elle, elle me touche. En fait, les choses entre nous sont d’une limpidité déconcertante. «Je suis sûr que je l’aime.»
MON PERSONNAGE, JE CROIS QUE JE L’AIME. Parce que…
Il est là …
PIERRE JOLIVET, JE CROIS QUE JE L’AIME. Parce que…
J’aime sa façon de me regarder, et j’aime l’image de moi qu’il me renvoie. Avec Pierre, je me rends compte que l’une de nos étapes favorites est le moment où l’on cherche la tenue du personnage : du chômeur de FRED, avec son blouson de cuir et sa moustache, au guerrier du 13ème siècle, en passant par la PETITE ENTREPRISE, pour finir cravaté, en costume strict du grand patron, avec une belle et grosse voiture. Quelle ascension sociale que celle-là ! C’est quasiment un «morphing» comme ils le font dans certaines gazettes avec le costume d’un côté et les dates de l’autre. Et comme nous vieillirons ensemble, à 75 ans, il se projettera peut-être en moi comme un héros de son âge. Ce que je ne sais pas, c’est comment il m’habillera. J’espère que ça ne sera pas en robe de chambre, ni avec une canne. Encore que ce sont les rôles qui payent le plus.

François Berléand
ENTRETIEN AVEC FRANÇOIS BERLÉAND (ROLAND)
JE HAIS MON PERSONNAGE ! Parce que…
Ce n’est pas le héros du film et il est temps que Pierre m’écrive un rôle principal. Oui, c’est un appel du pied… Même en plus sympathique, c’est un pendant au détestable Maxime de MA PETITE ENTREPRISE. Il est toujours vêtu de noir, couleur que je ne porte presque jamais. Mais je m’y suis fait. Et puis zut ! En fait…
J’ADORE MON PERSONNAGE ! Parce que…
Je le trouve extrêmement sympathique. Il met les pieds dans le plat, c’est un touche-à -tout, un génie de la bricole. En voulant toujours bien faire, il est toujours là où il ne faut pas. Et quand on le fout dehors par la porte ou par la fenêtre, il rentre par la porte de derrière. Une des répliques qui m’a fait le plus rire à la lecture, c’est celle où mon personnage dit : «J’ai travaillé sous Mitterrand, vous savez…» Je voyais déjà dans son regard une lueur de duplicité jubilatoire… Je me suis d’ailleurs inspiré du débat entre Mitterrand et Chirac quand celui-ci lui disait : «Regardez-moi droit dans les yeux et dites-moi que vous ne mentez pas.» Mitterrand l’a regardé droit dans les yeux : «Mais non, bien sûr !» Alors qu’il était évident qu’il mentait !
PIERRE JOLIVET, JE SAIS QUE JE L’AIME. Parce que…
Parce qu’on s’aime, c’est tout. J’ai fait son premier film, STRICTEMENT PERSONNEL, en 1984 ; depuis, il m’a été d’une fidélité incroyable, il m’a proposé des rôles magnifiques. C’est quelqu’un qui me connaît parfaitement bien, que je connais aussi très bien. C’est grâce à sa façon de me diriger dans FRED que j’ai un jour compris ce que pouvait être la jubilation de travailler un rôle au cinéma. Auparavant, je faisais surtout du théâtre et c’était une sorte de punition que d’être sur un plateau. Pierre, en ajoutant «un peu de ceci», en gommant «un peu de cela», tout à coup, ça a été le déclic : j’ai découvert une liberté dans le jeu que je n’avais absolument pas. Et je lui en serai redevable à jamais. Mais en même temps, il m’a pourri la vie : le nombre d’enfoirés et de salopards qu’on m’a offerts par la suite ! Il m’a pris dans tous ses films, sauf un : ZIM & CO. D’accord, il n’y avait pas de rôle pour moi ; d’accord, c’était un film sur des ados ; d’accord, il ne voulait que des inconnus, et des acteurs identifiables auraient détourné l’attention. Mais je m’en foutais, je voulais juste être là , pour assister aux vrais débuts de son fils Adrien que j’ai connu tout petit. Avec Vincent, on s’est traîné à ses pieds, pour faire un passage, une panouille, deux clients au fond du bar. Même flous ! Impossible de lui faire changer d’avis. Il avait raison, mais je lui en ai voulu… au moins trois secondes !

Liane Foly
ENTRETIEN AVEC LIANE FOLY (JEANNE LAROZIÈRE)
MON PERSONNAGE, JE CROIS QUE JE L’AIME. Parce que…
Il est à l’opposé de moi. Dans la vie, je suis très souriante, elle, pas du tout. Elle parle toujours dans les basses – c’est pourquoi elle fait toujours cette tête-là – moi, pas du tout. C’est une femme sévère, rigide, perverse, intéressée par l’argent, attirée par le pouvoir, toujours dans un rapport de force, même quand elle joue la séduction. Tout ce que je ne suis pas. Et sa façon de s’habiller, ce n’est pas possible ! Beaucoup trop classique !
PIERRE JOLIVET, JE CROIS QUE JE L’AIME. Parce que…
Ça fait si longtemps que je ne me pose même pas la question. J’ai découvert les frères Jolivet il y a plus de vingt ans quand je suis arrivée à Paris, c’est d’ailleurs Marc qui a mis en scène mes premiers spectacles, comme il fera le prochain, d’ailleurs. Ils sont tous les deux très doués, gentils et simples. Pierre m’a rassurée tout de suite, car j’avais très peur. Il n’a même pas voulu que je passe un bout d’essai. Il est très directif et j’aime bien être canalisée, sinon, je pars dans toutes les directions… Dès qu’on entre dans le truc, je décolle, je suis dans le personnage, je ne pense plus à moi. Au début, j’étais un peu perdue, je ne savais pas ce que c’était, de donner simplement la réplique. Mais Pierre a l’oeil. D’ailleurs, dans mon travail, dans ma vie, je me suis toujours entourée de gens qui me tenaient à l’oeil.
LE CINÉMA, JE CROIS QUE J’AIME ÇA. Parce que…
C’est tout nouveau ! Encore que… Quand j’étais enfant, mes jouets préférés, c’étaient des panoplies. Mes parents tenaient un bazar, «la Droguerie du sourire», ils avaient un grand rayon de jouets et de déguisements, et j’adorais ça. Avec mes copines, on s’inventait des jeux, c’était comme des petits films : «Toi, tu seras la princesse, toi, la bonne fée» etc… Au début du tournage, j’étais morte de trouille. Pensez donc, pour des gens de cinéma, voir débarquer une chanteuse ! Mais entre Vincent, François et Sandrine – avec qui j’ai pourtant très peu de scènes – je me suis sentie très vite acceptée. Ils étaient presque moins surpris que moi de me voir faire du cinéma.
Quoique… Le cinéma, c’est un peu comme le studio dans le domaine de la chanson : un travail de laboratoire. On crée une chanson, on enregistre, on rajoute un peu de guitare ici, un peu de harpe là … C’est intéressant, mais au bout du compte, ça n’a rien à voir avec la scène. Moi, j’aime par-dessus tout le live, le direct. D’ailleurs – et voyez comme les choses se rejoignent – je rêve depuis longtemps de monter «Victor/Victoria» au théâtre, et je crois qu’on va y parvenir en 2008.
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